Faire parler les muscles ou se contenter de donner de la voix? Exiger l’interdiction ou simplement protester? La grande famille de la gauche genevoise hésite sur la tactique à adopter face à Eric Zemmour, annoncé les 24 et 25 novembre à Genève.
Le comité directeur du Parti socialiste genevois devait décider lundi 15 novembre dans la soirée de sa position officielle à ce sujet. Vendredi, la gauche radicale, qui comprend les antifas et des formations comme solidaritéS, s’est réunie nombreuse à ce même propos, en l’absence du PS et des Vert.e.s, partis gouvernementaux. Un communiqué commun à cette gauche alternative doit être publié ce mardi.
Communiqué commun ou «motion de synthèse», l’art de concilier les contraires, longtemps une spécialité du Parti socialiste français? «Tout le monde à gauche n’est pas d’accord sur la conduite à tenir face à Zemmour, y compris au sein de la gauche radicale», explique à watson un membre du PS.
La gauche dans son ensemble s’apprête-t-elle à baisser d’un ton après avoir fait valoir sa ferme opposition à la venue du polémiste de la droite identitaire française? Les propos tenus lundi matin sur La 1ère par le conseiller d’Etat genevois et chef de la sécurité Mauro Poggia n’auront certes pas mis tout le monde d’accord, mais ils entendaient rappeler des principes liés à l’Etat de droit. En ce sens et en l’espèce, on ne peut pas faire acte de censure en arguant d’un risque de troubles à l’ordre public, a affirmé en substance l'élu de droite au Conseil d'Etat. Le canton n’est donc pas favorable à une interdiction de parole visant Eric Zemmour.
La position de l’exécutif cantonal, représentée par le ministre de la sécurité, tranche avec celle exprimée la veille sur La 1ère par la maire de Genève, Frédérique Perler. Sans aller jusqu’à demander d’interdire de parole le probable futur candidat à la présidentielle française, elle l’a déclaré indésirable dans les salles communales de la Ville.
On semble se diriger à gauche vers une opposition ferme mais de principe aux idées d’Eric Zemmour à l'occasion de sa venue à Genève pour un débat avec l'avocat Marc Bonnant. Y aura-t-il une ou plusieurs manifestations? Avant ou pendant la présence du polémiste – si sa venue, de son côté, est maintenue? Les opposants genevois au chantre de l'identité française voudront sans doute être nombreux à donner de la voix en se gardant d'être violents.