Un nouveau variant a fait son apparition en Afrique du Sud. Doit-on s'inquiéter?
Didier Trono, virologue: On doit y prêter attention. Pour le moment, ce variant s'est surtout répandu en Afrique du Sud, même s'il y a déjà quelques cas ailleurs. Il contient toute une série de mutations que nous avons déjà observées sur d'autres variants et qui peuvent lui conférer une aptitude plus grande à infecter et à résister à notre immunité. Quel sera le résultat de ce cocktail? C'est difficile à dire pour le moment. Ce n'est pas parce qu'il y a ces mutations qu'il sera forcément plus ravageur, elles peuvent aussi s'annuler entre elles. Mais:
Quels sont les critères pour savoir si un variant est inquiétant ou pas?
Le critère numéro 1 est épidémiologique, s'il se propage rapidement, c'est qu'il a des propriétés qui facilitent cette propagation. L'autre point capital, c'est de savoir s'il résiste ou non au vaccin.
Donc, en fait, on joue à la loterie à chaque mutation?
Si on continue à ne pas se vacciner, oui, bien sûr. Plus le virus a du terrain pour se répliquer, plus il a de chances de développer une mutation qui peut lui conférer un avantage.
L'industrie pharmaceutique est-elle prête à faire face à un variant qui échappe au vaccin?
Les vaccins ARN messager ont une flexibilité qui leur permet de s'adapter rapidement à la séquence du nouveau variant si nécessaire. En quelques mois, ils pourraient tester et produire à grande échelle un nouveau vaccin. Mais avant d'en arriver là, il va déjà falloir faire des tests pour savoir comment l'immunité des vaccinés réagit contre ce nouveau variant.
Quel serait le scénario catastrophe? Celui qui vous inquiète en tant que virologue?
Le pire, ce serait un variant avec une contagiosité accrue, une virulence grave et qui échapperait à l'immunité. Mais cela ne correspond pas à ce qu'on observe jusqu'à maintenant. Le mécanisme du virus fait que ceux qui résistent le plus aux anticorps sont moins contagieux. De plus:
Néanmoins, je pense qu’il faudrait renforcer l’immunité de ceux qui ont déjà été vaccinés en accélérant l’administration d’une 3e dose à l’ensemble d’entre eux. Quant aux non-vaccinés, l’émergence de cette nouvelle souche potentiellement plus problématique devrait leur donner matière à réfléchir.