Depuis l'été 2018, vous avez traversé des moments éprouvants pour une affaire d'inceste. La justice valaisanne vient de vous acquitter. Soulagé?
Raoul*: Tout autre verdict que l'acquittement aurait été un déni de justice. La justice a été instrumentalisée par une ex qui a mal supporté ma décision de la quitter et a décidé de me le faire payer. Les accusations d'abus sexuels sur ma fille étaient complètement infondées. Cela a pris du temps mais la justice a fini par s'en rendre compte.
Comment avez-vous vécu votre incarcération avant jugement, qui a duré près d'un an?
Raoul*: C'était très dur de ne plus voir mes enfants et de me retrouver en prison de septembre 2018 à septembre 2019, de perdre mon emploi... Les détenus sont impitoyables avec les auteurs d'abus sexuels sur des enfants. Moi, j'ai tenu à être transparent avec les autres prisonniers en leur disant que j'étais victime de fausses accusations. Ils ont bien vu que je n'avais aucune tendance pédophile.
Des fichiers pédopornographiques ont tout de même été retrouvés chez un de vos proches en contact avec votre fille.
Oui. Et c'est là qu'on voit qu'on marche sur la tête. Alors que j'ai été injustement privé de mes droits en tant que papa, cette personne a pu continuer à avoir des contacts avec ma fille. C'est du foutage de gueule. Les mesures prises contre moi au début de la procédure sont compréhensibles. Mais là, la procédure a été trop longue.
Comment envisager un retour à la normale?
La compagne que j'ai eu après ma séparation a supporté mon emprisonnement en serrant les dents. Nous sommes toujours ensemble. J'ai retrouvé du travail à ma sortie de prison. Mais cela fait trois ans que je ne vois plus mes trois enfants mineurs. Comment reconstruire quelque chose avec eux après trois ans de néant? La procédure a été expéditive pour m'incarcérer. Ce qui peut se comprendre si on tient compte de la gravité des accusations. Mais maintenant que j'ai été acquitté, rien ne justifie que je ne puisse pas revoir mes enfants.
Qu'est-ce qui s'y oppose?
L'autorité de protection de l'enfant estime qu'il faut «un retour progressif». Mais il ne faut pas oublier que cela fait trois ans que j'attends. Les enquêteurs ont auditionné une trentaine de personnes. J'ai subi deux expertises. Mon domicile a été perquisitionné. Mon ordinateur et mon téléphone ont été saisis. Il n'y a rien contre moi. Rien.
Pour finir, vous avez été acquitté et le Tribunal vous a alloué une indemnité de 45 000 francs pour perte de gain et 20 000 francs de réparation de tort moral...
Si je devais choisir, je préférerais ne toucher aucun franc et revoir mes enfants. Ces trois années ont été une catastrophe pour moi. Et, sans aucun doute, cette longue séparation aura un impact considérable sur mes enfants. J'invite tous ceux qui lancent des accusations fallacieuses pour régler des comptes à penser aux enfants.
* prénom d'emprunt