Depuis la nuit de vendredi à samedi, la Suisse est balayée par les intempéries. De très violents orages se sont abattus sur plusieurs régions du pays, des grêlons mesurant plusieurs centimètres sont tombés sur Fribourg, dimanche, et sur La Chaux-de-Fonds, lundi. Le ciel est-il en train de nous tomber sur la tête? On a posé la question à Dean Gill, prévisionniste à Météo Suisse.
On a vu beaucoup d'orages en très peu de jours, dans plusieurs parties du pays. Est-ce normal?
La notion de normal ne veut pas dire grand-chose dans ce domaine. L'activité orageuse varie très fortement d'une année sur l'autre, d'un mois sur l'autre. Cela fait partie de la variabilité naturelle du climat. On peut avoir d'un seul coup plusieurs vagues orageuses qui se suivent, et souvent ça peut durer plusieurs jours d'affilée. Il n'y a rien d'anormal à cela. D'une manière générale, on n'a pas noté une augmentation du nombre de tempêtes.
Il faut aussi dire que les orages sont des événements plutôt localisés, qu'on a toujours de la peine à prévoir individuellement. On peut dire qu'il y aura des orages dans une région donnée, mais on ne sait pas encore prédire où ça va tomber exactement.
Va-t-il y en avoir d'autres?
Oui, ça devrait encore se poursuivre ces prochains jours, déjà à partir de ce mardi. On va d'ailleurs émettre une préalerte qui dit que des orages sont possibles cet après-midi et ce soir.
Alerte de la Confédération de niveau 3 sur 4 : orages violents possibles entre 15h et 3h. Infos complémentaires & recommandations sur le comportement à adopter sur https://t.co/RmV5FI4gzE, https://t.co/cszrZvupvV ou l'App MétéoSuisse. https://t.co/ZXOgFmcteo. #alerteintemperies pic.twitter.com/OjGnYa2s8r
— MétéoSuisse (@meteosuisse) June 22, 2021
On reste à peu près dans la même configuration, c'est-à-dire qu'on a un courant de sud-ouest en altitude qui draine de l'air chaud, humide et instable: c'est le carburant pour les orages.
Justement, comment se forment-ils?
C'est un cocktail. Pour faire de l'orage, il faut de l'air chaud et humide, et de l'instabilité. Mais il faut aussi un déclencheur: c'est ce qu'on appelle le soulèvement, un élément qui soulève la masse d'air. Cela peut être une montagne, un front, ou une zone de convergence, où des vents opposés se rencontrent.
Pour avoir un orage violent, il faut additionner un élément supplémentaire, qui s'appelle le cisaillement de vent. C'est la variation du vent avec l'altitude, qui change de direction. Cela va influer sur l’organisation de l'orage, qui va durer plus longtemps et donner de très gros grêlons.
Le réchauffement climatique joue-t-il un rôle dans la formation des orages?
A l'heure actuelle, c'est difficile de faire le lien. Certains le font, d'autres pas, la question est encore ouverte. Par contre, on voit une différence au niveau des événements de précipitations extrêmes.
C'est-à-dire?
Ce sont de fortes précipitations qui durent plusieurs jours et qui peuvent provoquer des inondations, mais il ne s'agit pas forcément d'événements orageux. Ces intempéries sont clairement en augmentation, et cela est dû au réchauffement climatique.