Où est-ce que Vladimir Poutine cache son immense fortune? Cette question taraude le monde entier depuis des années. La réponse pourrait se trouver en Suisse, rapporte le Tagesanzeiger. Un procès en cours devant le tribunal de district de Zurich devrait fournir les réponses tant attendues. Il s'ouvre aujourd'hui.
Le procureur de Zurich s'est attaqué au directeur de la filiale suisse de Gazprombank (une institution russe). En octobre dernier, Gazprombank Suisse a annoncé qu'elle mettait fin à ses activités, et trois autres cadres supérieurs de cette dernière. Ils sont accusés d'avoir ouvert deux comptes en 2014 et de les avoir gérés jusqu'en 2016. Le problème? Des fonds du gouvernement russe auraient été déposés sur ces derniers. Pour rappel, à cette époque-là, la Russie avait déjà annexé la péninsule de Crimée.
Les avoirs en question s'élèvent à environ 50 millions de francs suisses. Et, détail croustillant de l'acte d'accusation, le président russe Vladimir Poutine est explicitement mentionné:
Très bien, mais comment relier la banque au maître du Kremlin? Le soupçon est que le titulaire du compte chez Gazprombank n'est qu'un prête-nom derrière lequel se cache finalement, le responsable de la guerre contre l'Ukraine.
L'ensemble de la procédure zurichoise a été déclenchée par la publication des fameux Panama Papers, en avril 2016. Les informations révélées par cette vaste enquête ont montré que le violoncelliste russe, Sergueï Roldouguine, était le propriétaire de ces comptes zurichois. Il s'agit d'un ami proche de Poutine, et ce, depuis sa jeunesse. Il est même devenu le parrain de la fille du maître du Kremlin. L'enquête semble montrer que les sommes transférées par le musicien l'auraient en fait été par... Vladimir Poutine lui-même.
Après les révélations des Panama Papers, l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, la Finma, est entrée dans la danse et a ouvert une enquête. Sa conclusion? Gazprombank avait «gravement violé les obligations de diligence en matière de lutte contre le blanchiment d'argent». La Finma ne s'est pas contentée d'infliger une violente sanction contre la banque, mais a porté plainte en plus.
Voilà qui explique l'ouverture de ce procès. Le procureur qui mène la charge accuse donc les quatre cadres de Gazprombank d'avoir dissimulé l'origine des avoirs. Et, fait notable, il affirme clairement que Sergueï Roldouguine n'est «pas réellement» le propriétaire des comptes.
Les accusés – contre qui le ministère public requiert une peine de sept mois de prison avec sursis, nient ces allégations, mais la plainte met en lumière une connexion possible entre ces comptes et le président russe Vladimir Poutine. Le procès qui se poursuit pourrait, dès lors, fournir des informations importantes sur les actifs cachés de Poutine... (jah)