Suisse
Justice

La radiation de la mention du genre du registre d'état civil refusée

Absence de genre dans le passeport: le Tribunal fédéral a tranché

Le Tribunal fédéral a refusé à l'unanimité que le genre soit effacé du registre des naissances et d'état civil. Il a accepté jeudi un recours du Département fédéral de justice et police contre une radiation décidée par la justice argovienne.
08.06.2023, 16:2508.06.2023, 18:28
Plus de «Suisse»

Siégeant jeudi en audience publique, la 2e Cour de droit civil a rappelé que «le sexe est l'un des éléments de l'état civil régis par la loi et que sa mention relève des principes suisses sur la tenue des registres».

Lors de la révision de l'article du Code civil consacré à l'inscription du sexe, entrée en vigueur l'an passé, le législateur a décidé de s'en tenir au système binaire (masculin/féminin) et rejeté la possibilité de renoncer à la mention du genre, ont rappelé les juges. Le Parlement a renoncé expressément à une telle omission, alors que l'Allemagne l'a admise.

L'affaire jugée jeudi concernait une Argovienne domiciliée à Berlin.
L'affaire jugée jeudi concernait une Argovienne domiciliée à Berlin.Keystone

Il n'y a pas en l'état actuel de lacune de la loi que le Tribunal fédéral pourrait combler, a souligné la juge rapportrice. C'est au Parlement qu'il incombera de traiter les interventions déposées à Berne visant la reconnaissance des personnes non binaires.

Les magistrats ont rappelé qu'à l'exception de l'Allemagne, où la personne concernée a obtenu le changement de son prénom et la radiation de son genre, la plupart des systèmes juridiques reposent sur le principe binaire.

Absence de consensus

Dans un arrêt récent, la Cour européenne des droits de l'homme a rejeté un recours dirigé contre la France qui refusait une telle demande, a rappelé la rapportrice. Les juges de Strasbourg ont estimé qu'en l'absence de consensus européen, il s'agissait d'un «choix de société à la discrétion de l'Etat». Ils ont donc nié toute violation du droit au respect de la vie privée et familiale.

L'affaire jugée jeudi concernait une Argovienne domiciliée à Berlin. Sur présentation d'une attestation médicale, elle a obtenu en 2019 des autorités allemandes le changement de son prénom féminin en un prénom masculin et la suppression de toute mention sous la rubrique genre.

La reconnaissance de ces modifications par les autorités de son canton d'origine s'est heurtée à un refus partiel. Si le changement de prénom a été admis, la radiation du genre a été refusée. En revanche, la Cour suprême argovienne a accepté la seconde demande. Cette décision a été attaquée devant le Tribunal fédéral par le Département fédéral de justice et police agissant par le biais de l'Office fédéral de la justice.

Alors que ses membres étaient unanimement en faveur de l'admission du recours de l'office, la 2e Cour de droit civil a siégé exceptionnellement en audience publique, à la demande d'un des juges. Celui-ci a justifié sa demande par le fait que le sujet préoccupe beaucoup l'opinion. (ats)

Immersion dans la Geneva Pride, le 11 septembre 2021
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Mauvaise surprise en vue pour ceux qui ont une assurance complémentaire
Pas tous les hôpitaux ont conclu de contrats avec les caisses maladie pour les assurés avec une couverture en privée. Certains pourraient donc avoir une mauvaise surprise quant aux prestations que la complémentaire ne prend pas en charge.

Depuis le début de l'année, les caisses maladie peuvent dire non à des frais supplémentaires relevant de la complémentaire lors d'un traitement. Un réel changement de paradigme: en 2020, l'Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma), également compétente pour les assurances privées, a réprimandé les partenaires tarifaires parce que les hôpitaux établissaient parfois des factures fantaisistes et que les assureurs les payaient.

L’article