La joie du maire de Lugano, Michele Foletti, était visible sur son visage. Lors de la présentation du budget municipal 2023, il a révélé que la ville s'attendait à une augmentation de quatre millions de francs des recettes fiscales des personnes physiques par rapport à l'année en cours.
Les recettes supplémentaires inscrites au budget ne sont pas le résultat d'une augmentation de la population. Bien au contraire: le nombre d'habitants a tendance à diminuer. Mais parmi les nouveaux arrivants, il y a des personnes qui remplissent particulièrement bien le pot fiscal de la ville de Lugano: les riches et les super-riches.
Le dernier arrivé s'appelle Kjell Inge Røkke: homme d'affaires et milliardaire de 63 ans et l'un des entrepreneurs les plus fortunés de Norvège. Il a annoncé dans une lettre le changement de domicile d'Oslo à Lugano en septembre aux 18 000 collaborateurs de sa société d'investissement Aker.
Kjell Inge Røkk a rejeté les reproches selon lesquels il chercherait ainsi à réduire ses impôts. Car contrairement à la Norvège, au Tessin, Røkke bénéficiera du régime fiscal forfaitaire pour les étrangers.
Des journalistes norvégiens se sont immédiatement envolés pour Lugano et ont assailli de questions le maire Foletti. Mais ce dernier répète depuis lors toujours le même refrain: «Je n'ai pas encore rencontré le Norvégien, mais j'espère le voir bientôt». Lors de la présentation du budget, il a encore ajouté l'avantage des nouvelles recrues riches:
Il considère les nouveaux arrivants comme un succès du marketing de la ville et d'une stratégie orientée vers l'avenir. Son maître-mot: crypto-ville. Selon le maire, les paiements en cybermonnaies doivent devenir une évidence à Lugano et le «Plan-B» permettra d'attirer des crypto-entreprises ainsi que des start-ups. Un congrès international sur les cryptomonnaies aura lieu fin octobre.
watson s'est également penché récemment sur l'effet magnétique de Lugano sur les riches et les super-riches. A cette occasion, des agents immobiliers ont confirmé la forte demande persistante dans la métropole financière tessinoise. «Environ 50% des clients de Lugano viennent de Suisse. Parmi les acheteurs étrangers, 30% viennent d'Allemagne, 30% d'Italie et les 40% restant du monde entier», a expliqué Simon Incir d'Engel und Völkers.
Actuellement, il constate une augmentation de la demande en provenance des pays scandinaves, mais aussi d'Europe de l'Est comme la Pologne et l'Ukraine. L'American school in Switzerland (Tasis), une école privée internationale située dans la commune de Collina D'Oro, où de nombreux enfants de riches sont scolarisés, enregistre également une forte affluence.
Mais les étrangers super-riches rencontrent aussi dans la région de Lugano des autochtones ou des personnes déjà installées qui sont parfaitement bien loties, comme Sergio Mantegazza, propriétaire d'entreprises de voyage en Grande-Bretagne et fondateur du HC Lugano, la famille Siccardi avec son entreprise Medacta de produits orthopédiques, l'investisseur Tito Tettamanti, l'ex-patron de l'UBS Sergio Ermotti, le magnat de l'immobilier Silvio Tarchini (Foxtown) ou Sir Lindsay Owen-Jones, ancien patron de l'entreprise de cosmétiques L'Oréal présente dans le monde entier, pour n'en citer que quelques-uns.
La famille présumée la plus riche du canton loge toutefois tout au sud du Tessin, près de la frontière italienne, à Castel San Pietro: la famille Perfetti du groupe de confiserie du même nom totaliserait une fortune de 5,5 milliards de francs. Les habitants de Castel San Pietro en profitent: ils peuvent se réjouir d'avoir le taux d'imposition le plus bas des communes tessinoises. (bzbasel.ch)