Cette semaine, la sécheresse a laissé la place à des précipitations très attendues. En effet, comme expliqué dans un précédent article, la Suisse connaît cette année l'un des hivers les plus doux depuis le début des mesures en 1864. Les conséquences, elles, pourraient se faire particulièrement ressentir à la belle saison, puisque l'humidité hivernale est censée faire le plein des nappes phréatiques.
Pour rappel, ces dernières ont un rôle central pour réguler notre climat. Des nappes bien rechargées en hiver permettent de limiter les hausses des températures en été, par évapotranspiration. Un sol qui a emmagasiné de l'humidité pourra favoriser le développement d'orages. Au contraire, un sol sec, couplé à un été chaud, ne fera qu'amplifier les hautes températures.
Au regard de ces données, est-ce que la dépression des derniers jours permettra d'abreuver les nappes helvétiques? Contactée par téléphone, MétéoSuisse et formelle:
Autre point délicat: à cumul égal, les précipitations hivernales n'ont pas le même impact que celles survenant au printemps et en été. Or, depuis le 1er mars, l'on se considère déjà météorologiquement au printemps. La pluie, en conséquence, est soit utilisée par les plantes pour leur croissance, soit évaporée par le soleil.
Autre facteur aggravant, la limite pluie-neige, qui se dessine désormais à plus haute altitude, et qui ne permettra pas de constituer un réservoir neigeux suffisant pour protéger les glaciers de la fonte estivale.
Sur son blog, MétéoSuisse dit rester très prudente sur les prévisions pour les jours à venir. Pour cause, les modèles ont considérablement évolué tout au long de la semaine.
Ce revirement de situation est dû à une configuration météorologique particulière, appelée la rivière atmosphérique.
En début de semaine, l'arrivée de ladite rivière sur les versants occidentaux des Alpes et du Jura dessinait un scénario particulièrement humide pour le week-end à venir.
Mais, comme l'explique MétéoSuisse, ce scénario est désormais improbable, puisque la rivière atmosphérique s'est décalée plus au sud pour arriver plutôt sur les régions méridionales de la France.
En conséquence, la pluie est toujours au programme, mais sa quantité est revue à la baisse. Ce niveau plus modeste représente un avantage: il réduit drastiquement le risque de débordements des cours d'eau.
En outre, un air plus frais que prévu pourrait s'inviter pendant le week-end. Une partie des précipitations se feront donc sous forme de neige.
L'or blanc pourrait même s'inviter dans plusieurs régions d'ici samedi soir. Les plus touchées seraient le Bas-Valais, le Chablais et le Jura, ainsi que les Préalpes et le versant nord des Alpes. L'incertitude plane encore sur les régions de moyenne montagne en dessous de 2000 mètres: «certains scénarios plus froids donnent même des chutes de neige sur la Gruyère et les hauteurs du Plateau».
Ces cumuls de neige seraient cependant «tout à fait "inhabituels" dans le contexte de sécheresse que nous avons connu de fin janvier à début mars.»