Jeudi dernier encore, la Suisse étouffait à cause de la canicule. Ce jour-là, 39,3°C ont été mesurés à Genève: selon MétéoSuisse, il s'agit de la température la plus élevée jamais détectée au nord des Alpes au cours d'un mois d'août. En l'espace de quelques jours seulement, le pays s'est retrouvé catapulté en plein mois de novembre – du moins au niveau des températures ressenties.
«Cette transition a été surprenante pour beaucoup de personnes», réagit Didier Ulrich, prévisionniste chez MétéoSuisse. «Nous sommes passés de 39°C jeudi à Genève à 15/16°C ce lundi sur le Plateau: c'est une différence de 23°C», chiffre-t-il. Faute de statistiques, il n'est pas possible de savoir si et à quel point la chute des températures a été exceptionnelle, poursuit le spécialiste, qui concède:
Ce lundi et ce mardi, le mercure devrait rester au-dessous des 20°C. «Ce n'est pas inhabituel pour cette période de l'année», nuance Didier Ulrich. «Les températures actuelles sont juste un peu plus fraîches que la normale. Ce qui était exceptionnel, c'était la chaleur de la semaine passée».
Les chiffres le confirment. Jamais une période de chaleur aussi longue et intense n'avait été enregistrée en Suisse durant la deuxième moitié du mois d'août, que ce soit au nord ou au sud des Alpes, explique MétéoSuisse sur son site internet. Outre Genève, de nombreux autres records de températures ont été battus pendant cette période: le 22 août, il a fait 32,8°C à Disentis (GR) et 31,0°C à Chaumont (NE). Le lendemain, 34,1°C ont été mesurés à Piotta (TI).
Habituellement, les fortes chaleurs en août se produisent plutôt au cours de la première moitié du mois. La durée de cette vague caniculaire a également été très importante: les sites de Genève et Nyon/Changins ont connu 15 journées tropicales consécutives, c’est-à-dire avec des températures maximales de 30°C au plus.
Le «froid» que nous ressentons depuis le week-end serait, de ce point de vue, surtout une question de perception:
Reste que la chute des températures a été très rapide. Comment cela s'est-il produit? «Nous avons changé de masse d'air en l'espace de trois jours», explique Didier Ulrich. «Le courant très chaud qui soufflait du sud-ouest vers Genève jusqu'à jeudi a été remplacé par un autre, venant du nord cette fois-ci, qui a amené de l'air polaire et de la bise».
C'est ce front froid qui a fait baisser les températures. A cela est venue s'ajouter une dépression, née de la rencontre entre la masse d'air chaud et le courant froid, qui sont rentrés en conflit, complète le météorologue.
Dans tous les cas, cette situation ne va pas durer, poursuit Didier Ulrich: «Les précipitations vont cesser à partir de ce mardi et, dès mercredi, les températures vont augmenter de nouveau et retrouver des niveaux quasi estivaux sur le Plateau». Selon les prévisions de MétéoSuisse, le mercure dépassera aisément les 20°C jusqu'à lundi prochain. Après la canicule et le froid, place donc à l'été indien.