Bien que la Suisse ait vécu un été somme toute plutôt clément, au moins jusqu'à la semaine dernière, les chiffres au niveau mondial laissent peu de place au doute: juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais mesuré sur Terre, a déclaré lundi la Nasa. La différence avec la moyenne enregistrée entre 1951 et 1980 s'élève à 1,18°C.
Ces deux derniers mois, de puissantes vagues de chaleur ont sévi autour du globe, notamment dans le bassin méditerranéen, où de nombreux records de température ont été battus. Dernier exemple en date, tombé le même jour que l'annonce de la Nasa: à Hassa, dans le sud de la Turquie, le mercure a atteint 50°C.
Ce record intervient trois jours seulement après un autre pic de température supérieur à 50°C: vendredi 11 août, une valeur de 50,4°C a été mesurée dans la ville d'Agadir, au Maroc. Cette barre symbolique a été franchie trois autres fois cet été: en Chine (52,2°C) et dans la vallée de la Mort, en Californie (53,3°C), le 16 juillet, et à Bassora, en Irak, le 2 août (53,9°C).
La valeur enregistrée le mois dernier dans la Vallée de la Mort n'est pas un record: celui-ci oscille entre 56,7 et 54,4°C, selon la mesure. Il fait également office de record du monde.
La liste autrefois plutôt fermée des endroits ayant dépassé les 50°C s'est ainsi brutalement allongée en l'espace d'un mois, passant d'une quinzaine à une vingtaine de pays, comme le rapporte l'observatoire français Keraunos sur X (anciennement Twitter).
La liste des pays ayant dépassé les 50°C montre autre chose: sauf quelques exceptions, la plupart de ces pics ont été enregistrés dans ces dernières années: quatre datent de 2023, dix de la période allant de 2016 à 2022. Seuls trois remontent au siècle passé.
Faut-il voir dans ces chiffres une progression des températures extrêmes? Plusieurs études indiquent que oui. Une recherche publiée en juin dans la revue Nature, portant sur douze endroits autour de la Méditerranée et au Moyen-Orient, conclut:
Ces «températures extrêmement élevées» vont devenir «plus répandues» et «plus persistantes», poursuit l'étude. Pire: elles risquent de s'étendre à d'autres régions. «Sous un réchauffement climatique supérieur à 2°C, des températures supérieures à 50°C seront enregistrées sur tous les continents, sauf l'Antarctique», lit-on encore dans le texte. En Europe, cette perspective est «devenue plus palpable après le record de 48,8°C enregistré en Sicile le 11 août 2021».
Les auteurs de l'étude rappellent le caractère «potentiellement mortel» de ces valeurs. «Le changement climatique a des répercussions sur les populations et les écosystèmes du monde entier, et nous nous attendons à ce que bon nombre de ces répercussions s'intensifient», affirmait, de son côté, la géoscientifique Katherine Calvin dans le communiqué de la Nasa. A commencer par les canicules de cet été:
L'agence américaine rappelle finalement que juillet 2023 s'inscrit dans une tendance à long terme. Etroitement liée au réchauffement anthropique, elle s'est manifestée au cours des quatre dernières décennies. Selon les données de la Nasa, les cinq mois de juillet les plus chauds depuis 1880 se sont tous produits au cours des cinq dernières années.