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Médicament

Novartis accusé d'avoir provoqué de l'autisme chez les bébés

Novartis accusé d'avoir provoqué de l'autisme chez les bébés

Une femme enceinte a pris durant huit semaines un inhibiteur de contractions promu par Novartis. Elle en est persuadée, ses jumelles souffrent d'autisme à cause de ce médicament.
25.04.2024, 20:44
Pascal Michel / ch media
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Les jumelles américaines Rachel et Renee, aujourd'hui âgées de 31 ans, sont diagnostiquées autistes. Une condition neurologique que leur mère explique par l'hypothèse suivante: en 1993, alors qu'elle était à 28 semaines de grossesse, elle a pris de la terbutaline de Novartis. Selon plusieurs études, les enfants exposés à ce médicament in utero présentent un risque 400% plus élevé de développer l'autisme.

La mère, ses filles, ainsi que plusieurs autres personnes concernées, ont ainsi déposé plainte la semaine dernière contre le géant pharmaceutique suisse, auprès de la Cour supérieure de Californie. Les cinq plaignants reprochent à Novartis d'avoir, d'une part, mené une publicité agressive pour son produit malgré les risques connus. D'autre part, Novartis aurait omis de suffisamment mettre en garde contre les dangers pour les enfants à naître. Cette information a été relayée mercredi par l'agence de presse Reuters.

La terbutaline, médicament contre l'asthme, a été expérimentalement utilisée dès les années 1970 comme traitement des contractions prématurées. Selon l'acte d'accusation, Ciba-Geigy, devenue ultérieurement Novartis, était au courant de cette utilisation hors indication approuvée, de plus en plus répandue chez les futures mères.

Dans une note interne datant de 1983, un cadre de Novartis a émis des avertissements concernant les possibles dommages. En effet, le groupe n'avait jamais vérifié, lors d'études cliniques, l'efficacité du médicament pour cette utilisation. Par conséquent, il n'avait pas obtenu d'autorisation de mise sur le marché pour le traitement des contractions prématurées. Pour éviter d'éventuelles poursuites judiciaires, le gestionnaire a suggéré de mener des études cliniques pour cette indication ou d'avertir les médecins contre une telle utilisation.

Des centaines de milliers d'Américaines touchées

Au final, la décision inverse a été prise. Novartis n'a pas choisi de mettre un terme à cette utilisation potentiellement dangereuse. Au lieu de cela, le groupe a recruté un professeur éminent de l'Université de Californie, San Francisco. A partir de 1984, ce dernier a distribué des brochures lors de conférences médicales spécialisées, faisant l'éloge de l'efficacité supposée du médicament dans le traitement des contractions prématurées. De plus, le groupe a versé 46 000 dollars à ce médecin respecté pour qu'il publie une étude favorable dans une revue spécialisée.

L'offensive publicitaire a porté ses fruits. Jusqu'en 1998, des milliers de médecins américains ont prescrit le produit à leurs patientes, et 260 000 mères américaines en ont bénéficié chaque année. Les deux tiers des ventes annuelles de 20 millions de dollars de la terbutaline étaient attribués à son utilisation contre les contractions prématurées. Cependant, en 1997, l'agence américaine des médicaments (FDA) a réagi, car le médicament pouvait potentiellement causer des dommages au cerveau du fœtus.

La FDA a enjoint à Novartis de mener des essais cliniques afin d'obtenir une autorisation officielle, ce que le fabricant a refusé. En parallèle, la FDA a intensifié son examen de la publicité du produit, déclenchant ainsi un conflit qui s'est étendu sur plusieurs années. Ce n'est qu'en 2011 que l'autorité a contraint les fabricants à avertir les patientes des dangers liés au produit. Pendant ce temps, de nombreuses études ont corroboré les soupçons: des essais sur des souris ont révélé que la terbutaline peut endommager le cerveau de la progéniture.

Dans sa plainte, la mère de Renee et Rachel souligne que son médecin ne l'a pas avertie des risques à l'époque. Si elle avait eu connaissance du lien possible entre la terbutaline et l'autisme, elle aurait renoncé à ce médicament. De plus, elle affirme que son médecin ne lui aurait pas prescrit. Selon l'accusation, ce n'est qu'en novembre dernier que cette Américaine a découvert sur Internet le lien entre la terbutaline et l'autisme.

«Novartis n'a pris aucune mesure pour limiter les dégâts, car cela aurait coûté des millions en chiffre d'affaires. Le fait qu'une entreprise pharmaceutique induise délibérément le public en erreur pour maximiser ses profits est méprisable et écœurant.»
La plainte

Les cinq plaignants demandent une compensation financière dont le montant reste inconnu. Contactée, Novartis se contente de dire que la plainte est en cours.

Traduit et adapté par Tanja Maeder

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