Nous sommes encore en mars, mais le temps fait comme si nous étions déjà en avril: il se montre sous son jour le plus lunatique. Un jour, vous profitez du soleil en t-shirt sur le balcon, le lendemain, puis de violentes averses de pluie, de neige, de grésil ou même de grêle s'abattent.
Au vu de l'hiver extrêmement sec que nous avons connu jusqu'à présent, les averses sont clairement les bienvenues, selon l'hydrologue Massimiliano Zappa. Il souligne que «les précipitations tombées et celles qui sont encore prévues dans les Alpes et sur le Plateau sont un très bon début pour compenser le déficit parfois très important au niveau régional».
Le chercheur qui travaille à l'Institut de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) ajoute toutefois que le Tessin est encore trop peu arrosé.
Les jours de pluie actuels devraient se répéter encore quelques fois en avril et en mai, selon Massimiliano Zappa:
Selon Météosuisse, la pluie devrait encore tomber d'ici au week-end. Jusqu'au début du mois d'avril, des quantités de précipitations légèrement supérieures à la moyenne se profilent en effet dans le nord, l'ouest et l'est de la Suisse. Mais c'est justement dans le centre et le sud du Tessin qu'il ne devrait toujours pas y avoir d'averses ou seulement de faibles quantités.
Malgré les fortes précipitations dans certaines régions, le risque d'inondation ne devrait pas augmenter à court terme, selon Massimiliano Zappa. Cela vaut en particulier pour les fleuves. En effet, le déficit d'enneigement dans les Alpes est si bas que peu d'eau de fonte arrive dans les rivières.
L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) constate lui aussi qu'aucune crue majeure ne se dessine actuellement. Il se pourrait toutefois que les petits cours d'eau connaissent localement une montée des eaux. Selon les estimations actuelles, les débits pourraient être plus élevés jeudi et vendredi s'il pleut jusqu'à des altitudes élevées et que cela provoque une fonte des neiges intense:
Cet hiver, le déficit d'enneigement a été particulièrement frappant, se traduisant par la fermeture de nombreuses remontées mécaniques et par de longues bandes de neige artificielle. Ainsi, presque toutes les stations de mesure de l'espace alpin ont enregistré des quantités de neige très inférieures à la moyenne.
Certes, il y a déjà eu par le passé des hivers pauvres en précipitations, au cours desquels de violentes pluies soudaines ont permis de combler le déficit. Mais ce n'est pas encore le cas: même après les chutes de neige généralisées de ces derniers jours sur le versant nord des Alpes, les quantités de neige à toutes les altitudes restent nettement inférieures à la moyenne saisonnière pluriannuelle, constate l'OFEV.
Pour que le record négatif actuel devienne une année moyenne, il faudrait une quantité de pluie et de neige supérieure à la moyenne dans les semaines à venir. Mais si les précipitations printanières tombent en grande partie sous forme de pluie, elles ne sont pas stockées. Au contraire, l'eau s'écoule rapidement.
De plus, une partie des précipitations s'évapore rapidement au printemps à cause de la végétation en fleur et n'atteint donc pas les cours d'eau ou les nappes phréatiques.
Les précipitations passées et à venir sont également plus que bénéfiques pour les glaciers. Il y a un mois encore, on estimait qu'il y avait deux fois moins de neige sur les glaciers que la normale. Sur Twitter, le glaciologue Matthias Huss l'a exprimé ainsi après une campagne de mesures sur le grand glacier d'Aletsch:
Comparing our @glamos_ch #snow water equivalent measurements along Great Aletsch #Glacier over the last three years.
— Matthias Huss (@matthias_huss) March 24, 2023
2021 was good, 2022 was poor in snow - one of the reasons for the record glacier losses - and 2023 is even worse...
But luckily, some more snow is to come now 🌨️ pic.twitter.com/G2bQBbSflJ
En effet, l'année dernière a montré les effets catastrophiques que peuvent avoir des glaciers peu enneigés. Peu de neige en hiver et des vagues de chaleur persistantes au printemps et en été ont fait fondre les glaciers suisses comme jamais auparavant.
Pour la haute saison de ski de randonnée qui commence, l'enneigement modéré des glaciers signifie qu'il faut faire preuve de prudence. Ainsi, la cabane Konkordia, située au-dessus du glacier d'Aletsch, écrit sur son site Internet qu'il n'y a toujours pas assez de neige sur le glacier malgré les précipitations des derniers jours.
La cabane Länta, située dans la vallée de Vals dans les Grisons, au pied du Rheinwaldhorn (Adula), recommande, elle aussi, «d'emporter tout l'équipement nécessaire à l'ascension des glaciers qui ne sont que modérément enneigés».
La prudence est actuellement de mise, notamment en raison de la situation avalancheuse. La neige fraîche de ces derniers jours, combinée à un vent parfois violent, a entraîné un fort danger d'avalanche (degré de danger 4 sur 5) dans certaines régions. Sur le versant nord des Alpes, en Valais et dans le nord des Grisons, de grandes accumulations de neige se sont formées et pourraient se déclencher spontanément sous forme d'avalanche, prévient le SLF.
Dans toutes les régions, il y aurait en outre des couches fragiles à l'intérieur du manteau neigeux, surtout sur les versants ouest, nord et est au-dessus de 2200 mètres environ.
Au cours des prochains jours, le danger d'avalanche diminue pourtant, mais avec l'ensoleillement et le réchauffement, des avalanches de neige mouillée et de glissement deviennent possibles.