Plus aromatiques et plus sucrés. Mais parfois trop rapidement mûrs. Ce sont les effets typiques des fortes chaleurs sur les fraises, cerises et autres abricots. Effets qui ont, par exemple, été constatés en France par BFM TV: les fruits et légumes d'été sont en avance de plusieurs jours par rapport aux années habituelles. Qu'en est-il en Suisse?
Il y a quelques jours, la Tribune de Genève a relaté l'expérience de Cécile Moret, productrice de fraises en Valais. Elle dit craindre «que le marché s'écroule», différentes régions de Suisse pouvant être amenées à proposer leurs produits en même temps. En cause: avec cet été anticipé, les fraises mûrissent, certes, bien, mais trop vite.
Joint par watson, Gérard Chenaux, cultivateur à Chésopelloz (FR), est plus nuancé: «La situation n'est pas catastrophique.» Même si les températures élevées font suer ses fraises, il dit maîtriser la situation avec les laits d'ombrage qui protègent ses fruits, situés sous un tunnel. Dans son cas, il est encore trop tôt pour dire si la météo changera beaucoup la qualité et la quantité de la récolte. Chaque année est de toute manière différente:
Tout dépendra des prochains jours et semaines. «S’il ne pleut pas pendant un mois, ce sera problématique. Ou s'il y a de la grêle.» Contacté par nos soins, Christian Schönbächler, chef marketing et communication de l'interprofession du secteur fruitier suisse, confirme qu'il ne s'agit pas d'une année particulière: «Les prix seront dans la moyenne et on peut compter sur des calibres de fruits eux aussi standards.»
Mais tout cela ne se fait pas sans adaptation. Bernard Lucciarini, producteur d'abricots, à Martigny (VS), livre un témoignage éloquent. Les grosses chaleurs des derniers jours l'obligent, lui et son équipe, à arroser en permanence ses arbres, avec de l'eau des rivières et de la nappe. «On a la chance d'être bien équipés», dit-il d'emblée. Mais il est conscient qu'un rien peut faire basculer ce fragile équilibre:
La grêle: c'est la grande crainte des producteurs de fruits avec les températures caniculaires des derniers jours. «On devient très difficile avec le climat», note Bernard Lucciarini. «On veut de la pluie, mais pas trop; du soleil, mais pas trop. Et pas d'orage...»
Mais les aléas environnementaux, sans doute amenés à être de plus en plus nombreux, ne sont pas ce qui menace le plus le milieu agricole, selon lui. C'est davantage la situation du marché: le prix de revient des agriculteurs stagne, quand les restrictions en matière phytosanitaire se multiplient et les coûts de production ne cessent d'augmenter. Et justement, pour arroser des fruits quand il fait chaud, cela demande des dispositifs gourmands en énergie.