Inquiet du désengagement budgétaire des Etats-Unis pour les ONG basées à Genève, le Grand Conseil genevois a voté vendredi un soutien de 10 millions de francs en leur faveur. L’UDC a annoncé le lancement d’un référendum pour s’opposer à ce coup de pouce financier destiné à préserver le statut de la Genève internationale et 3500 emplois potentiellement menacés.
Si cette initiative a retenu l’attention du parlement cantonal, une action engageant à sa manière la réputation de la Genève internationale a suscité à l’inverse peu de réactions. Dans la nuit du 2 au 3 février, les façades de cinq agences bancaires UBS étaient vandalisées sur le territoire genevois. Une sixième, celle de Plainpalais, l’était à son tour dans la nuit du 12 au 13.
Aux deux dates, l’opération était revendiquée par le site antifasciste Renversé. Engagé dans la cause palestinienne, il reproche à UBS d’avoir «augmenté en 2024 de près de 900% ses actions chez le plus grand fabricant d’armes israélien, Elbit Systems».
Renversé concluait son communiqué du 13 en ces termes:
Les devantures des six agences UBS visées par le groupuscule d’extrême gauche étaient souillées de peinture rouge et noire et de tags anti-israéliens, tels que «Boycott Israël», «Free Palestine», «UBS complice», «Stop Genocid» ou encore «From the river to the sea».
Joint par watson, le service de communication d’UBS ne précise pas si la banque a déposé plainte ou si elle compte le faire. Laconique, elle indique:
Les partis politiques genevois ne se sont pas pressés au portillon pour dire ce qu’ils pensaient de ces «nuits bleues» de barbouillages à la peinture et aux sprays aérosols. A notre connaissance, seuls l’UDC et le MCG ont rédigé un communiqué pour les condamner.
Ce n’est pourtant pas comme si le conflit israélo-palestinien épargnait Genève. Il agite les milieux militants pro-palestiniens et pro-israéliens. Le Comité international de la Croix-Rouge, dont le siège est à Genève, est l’intermédiaire privilégié d’Israël et du Hamas dans les échanges otages-prisonniers.
Or, il faut croire que les raids nocturnes de ceux qui se cachent derrière le paravent de Renversé incitent au silence plus qu’à la prise de parole. Un peu comme dans le film L’enquête corse, une comédie sur l’omerta insulaire. Sauf qu’ici, on ne rigole pas vraiment.
La prise de position de la PLR Natacha Buffet-Desfayes, le 7 février sur Facebook, remplaçait en quelque sorte une réaction officielle de son parti. La candidate aux élections des 23 mars et 15 avril à l’exécutif de la ville de Genève, écrivait:
Jointe par watson, la candidate Buffet-Desfayes, actuellement députée au Grand Conseil, confie un certain embarras:
Pour l’UDC Alexandre Chevalier, également candidat à l’exécutif de la ville de Genève, «il faut envisager la possibilité de dissoudre les groupes extrémistes, de gauche comme de droite». A la suite du souillage des agences UBS, il déclare:
Alexandre Chevalier souhaiterait «rediscuter les subventions communales allouées à des lieux ou associations qu’on sait extrêmement politisées».
Au Parti socialiste genevois, son président s’oppose à «la dissolution des groupes extrémistes, de quelque tendance qu’ils soient». «Il faut déposer plainte et condamner s’il y a lieu, mais pas dissoudre», soutient Thomas Wenger.
La présidente des Verts genevois, Maryam Yunus Ebener, condamne à son tour les déprédations commises sur les façades des six succursales UBS genevoises:
Face aux actes de vandalisme visant les agences UBS, Sébastien Desfayes, député du Centre au Grand Conseil, ressent une «vive inquiétude». Ce qui l’inquiète le plus, c’est «l’absence de réaction forte face à ce type d’actes». Il cite l'écrivain Max Frisch:
Sébastien Desfayes fait ce constat:
Le député centriste envisage à son tour «la possibilité de dissoudre des associations lorsque leur mode d’expression s’oppose à la légalité». «Cela dépend beaucoup de la volonté politique», ajoute-t-il.
Cette volonté n’est manifestement pas affirmée partout avec la même détermination. Sans compter les divisions au sein des partis sur les questions géopolitiques, le conflit israélo-palestinien étant certainement l’une des plus clivantes.