En mai dernier, une alliance politique à Berne visant à introduire un péage routier au Gothard avait échoué de justesse. Emmenée par le conseiller national uranais Simon Stadler (Centre) elle n'avait perdu qu'à cause de la présidente du Conseil national, Maja Riniker, qui avait fait pencher la balance en votant contre. Le Conseil s’était retrouvé à égalité, avec 90 voix pour et 90 contre.
L’un des principaux arguments avancés par les opposants était que la Suisse méridionale, en particulier le Tessin, serait pénalisée par un tel dispositif, risquant d’être marginalisée par rapport au reste du pays.
Aujourd’hui, Simon Stadler et ses alliés reviennent à la charge avec une proposition remaniée. Cinq élues issues des principaux partis – Centre, PLR, UDC, PS et Verts – représentant les cantons du Tessin et d’Uri, ainsi que le conseiller aux Etats tessinois Marco Chiesa (UDC), ont chacun déposé une intervention parlementaire identique. Cette fois, il ne s’agit plus d’un péage visant à réduire les bouchons au Gothard, mais d’une «taxe de transit». Celle-ci viendrait s’ajouter à la vignette autoroutière, qui resterait en vigueur.
Selon le texte, la taxe s’appliquerait aux véhicules «entrant en Suisse depuis un pays voisin et la traversant pour en ressortir par un autre pays voisin, sans arrêt significatif sur le territoire». Exemple typique: des touristes allemands traversant la Suisse de Bâle à Chiasso pour se rendre en Italie, sans s’y arrêter – sauf lorsqu’ils sont bloqués dans les embouteillages du Gothard.
«Le montant de la taxe doit avoir un effet incitatif», précise la proposition. Il varierait selon la densité du trafic, l’heure de la journée et le jour de la semaine. Ainsi, les périodes de grande affluence – avant Pâques, à la Pentecôte ou au début des vacances – seraient plus chères. L’objectif? Mieux répartir le trafic et réduire les bouchons.
Cette taxe viserait, avant tout, le transit privé. D’après Simon Stadler, elle serait compatible avec l’accord sur la libre circulation des personnes et celui sur les transports terrestres entre la Suisse et l’Union européenne. Des vérifications auprès des services fédéraux compétents le confirment. Les auteurs de l’initiative invoquent aussi l’article constitutionnel issu de l’initiative des Alpes – acceptée par le peuple suisse –, qui oblige la Confédération à «protéger les régions alpines des effets négatifs du trafic de transit».
La proposition semble susciter un large écho au-delà des cantons les plus concernés par le trafic nord-sud. Selon Simon Stadler, 20 élus UDC ont déjà signé l’initiative, ainsi que 10 du PLR, 16 du Centre, 8 du PS et plusieurs Verts. «Cette proposition peut réunir une majorité», estime-t-il.