«J'ai vu l'eau monter rapidement et les clients sont partis d'un coup», lance Gunel Abdurkadir, propriétaire d'Evrim Kebab, situé à 50 mètres de la rivière La Morges. Affairé à nettoyer son restaurant avec ses employés, Gunel reste surpris par l'intensité des intempéries de ce mardi soir. Pour rappel, aux alentours de 18 heures, un violent orage a éclaté sur la région de Morges. Les quantités d'eau inouïes provoquent une crue de la rivière qui traverse la ville vaudoise.
«Dès que j'ai vu toute l'eau entrer dans le Kebab, j'ai arrêté l'électricité et surélevé les prises électriques», raconte-t-il. Pour étayer ses propos, il nous montre les photos prises vers 22h, le soir des intempéries👇🏽.
Ce mercredi 26 juin en matinée, le patron ne constate pas de dégâts majeurs dans ses locaux, mais un travail de nettoyage important pour enlever la boue charriée par l'eau de la rivière située à une cinquantaine de mètres de son établissement.
Lorsque nous évoquons «la chance» que son restaurant ne compte pas de dégâts mobiliers importants, le patron fait une grimace et nous avoue craindre pour ses voitures qui sont habituellement garées au troisième sous-sol de l'immeuble abritant aussi la Migros de Morges. Il tient pour cela à nous emmener dans le parking du centre commercial👇🏽. Impraticable ce mercredi matin.
Nous y croisons deux employés d'une entreprise privée de voirie qui nous révèlent que les voitures stationnées à cet étage sont dans un «sale état».
Gunel Abdurkadir, lui, n'a pas bon espoir de récupérer ses véhicules: «j'espère que je n'aurai pas de problèmes avec les assurances, je n'ai que la casco partielle», nous confie-t-il avec résignation.
Nous laissons Gunel Abdurkadir à ses nettoyages pour nous diriger vers l'acteur principal de ses débordements: la rivière la Morges. Le petit chemin qui la longe jusqu'au parc de l'Indépendance qui s'ouvre sur le lac est rempli de boue. Des curieux s'arrêtent pour prendre des photos ici et là. Nous rencontrons Maya, retraitée.
La Morgienne nous montre la passerelle piétonne partiellement détruite sur la rue des Vignerons. «Quand on voit l'état du petit pont, on est soulagé qu'il n'y ait pas eu de blessés» remarque la retraitée. En effet, on devine que le courant a charrié des branches, troncs d'arbres et autres matériaux qui ont fait office de «barrage» et bloqué l'écoulement des ponts sur la Morges, causant des dégâts sur les rives.
Maya tente de se souvenir d'une crue similaire, mais sans succès. «J'ai déjà vu la Morges très haute et déborder à son embouchure, vers le lac, mais jamais dans la zone où nous sommes», détaille Maya. Il est vrai que la passerelle piétonne est située à plus de 500 mètres de l'embouchure de la rivière, les dégâts qu'elle a subis sont la preuve du caractère exceptionnel de cette crue.
Nous continuons notre chemin en direction du lac et croisons les employés du restaurant pizzeria «la Rive», situé sur les Rives-de-la-Morges 6. Fiona Manigley assistante de direction est encore sous le choc de la nuit dernière.
La jeune femme explique que tout s'est enchaîné très vite, «un de ses collègues a reçu un tronc d'arbre sur le visage» raconte-t-elle en désignant les morceaux d'arbres jonchés sur le pont de l'avenue Ignace Paderewski.
L'assistante de direction qui continue de ranger le mobilier tout en répondant à nos questions s'émeut de voir le restaurant dans cet état.
Comme pour soutenir ses dires, Fiona Manigley nous entraîne à la cave du restaurant, nous montrant l'ampleur des dégâts. Ici et là, des bouteilles souillées par la boue, un frigo renversé et encore des dizaines de centimètres d'eau qui doivent être pompées par les pompiers de la région. «Je n'ai pas de mots pour raconter ce que je ressens, on a mis tout notre cœur dans ce restaurant», ajoute-t-elle avec émotion.
Pour l'instant, l'assistante de direction ne peut estimer les coûts des dégâts engendrés par ces intempéries, mais les entreprises mandatées par l'ECA sont à pied d'oeuvre👇🏽.
Alors que nous quittons le restaurant, nous nous pouvons nous empêcher de souhaiter bonne chance aux employés, Fiona Manigley nous corrige: «souhaitez-nous bon courage plutôt», lance la jeune femme. Les sinistrés en auront besoin.