Suisse
Morges

L'attentat de Morges aurait-il pu être évité?

L'attentat de Morges aurait-il pu être évité?
Le 12 septembre 2020 a eu lieu le premier meurtre à motivation djihadiste en Suisse, à Morges. Image: sda

L'attentat djihadiste de Morges était-il évitable? La justice en question

Avant de commettre son meurtre à Morges, l'auteur aux motivations djihadistes a enfreint plusieurs conditions imposées par le tribunal. Malgré cela, il n'a pas dû retourner en prison. Mais pourquoi?
01.02.2023, 11:3901.02.2023, 18:06
André Bissegger / ch media
Plus de «Suisse»

Le 12 septembre 2020, un ressortissant suisse et turc, alors âgé de 28 ans, a poignardé un Portugais de 29 ans dans un restaurant de kebabs à Morges (VD). Après son acte, il a crié «Allah akbar» (Allah est le plus grand), selon des témoins. Il s'agit probablement du premier meurtre à motivation djihadiste en Suisse.

Entre-temps, l'auteur, qui a grandi dans le canton de Vaud, a été condamné par le Tribunal pénal fédéral (TPF) à une peine de 20 ans de prison pour meurtre et autres délits. La peine de prison est assortie d'une mesure thérapeutique dans un établissement fermé. Le tribunal a, toutefois, refusé d'ordonner un internement – comme l'avait demandé le Ministère public de la Confédération (MPC).

Libération sous conditions

L'affaire prend désormais une nouvelle tournure: des documents non publiés jusqu'à présent, dont la RTS a eu connaissance, montrent que l'auteur avait manqué à plusieurs reprises à ses obligations avant de commettre son crime. C'est ce qu'a rapporté mardi la Télévision suisse romande (RTS).

En toile de fond, un incident survenu en 2019: le Vaudois avait alors tenté sans succès de faire exploser une station-service à Prilly (VD). Il avait été placé en détention provisoire pour cette raison jusqu'à trois mois avant le meurtre de Morges. A l'époque déjà, les enquêteurs avaient découvert un possible arrière-plan djihadiste.

Finalement, l'homme a été libéré sous de strictes conditions, comme l'a indiqué le Ministère public de la Confédération en septembre 2020. Parmi ces conditions figuraient notamment:

  • Un couvre-feu nocturne.
  • Une obligation de se présenter à la police.
  • L'interdiction de porter une arme.

Selon la RTS, le tribunal des mesures de contrainte a ordonné au total seize mesures de substitution et le prévenu n'avait pas le droit de commettre la moindre erreur – sous peine d'être immédiatement arrêté.

Pas de réveil et des courbatures: le délinquant manque des rendez-vous

Pourtant, le jeune homme, alors âgé de 28 ans, n'a apparemment pas respecté les conditions imposées, ce qui est resté sans conséquence. Dans quatre cas sur huit, selon nos confrères, il a omis de se présenter à la police. Les documents indiquent à ce sujet:

«Il a oublié de régler son réveil»

Il s'est également absenté à deux reprises de son poste de travail dans une fondation. La raison: des courbatures après le sport. Un policier a écrit à ce sujet: selon ses propres dires, l'homme a besoin de «quatre ou cinq jours» pour s'en remettre.

GERICHTSZEICHNUNG --- Der Angeklagte, 2. v. links, im Prozess um eine toedliche Messerattacke in Morges vor dem Bundesstrafgericht in Bellinzona am Montag, 12. Dezember 2022. Am 12. September 2020 ver ...
Image: sda

Selon la RTS, toutes les violations ont été signalées au MPC, qui est chargé de la mise en œuvre des mesures de substitution. De même, tous les acteurs impliqués dans l'affaire se seraient rencontrés environ un mois après la libération afin de dresser un premier bilan.

Il a notamment été expliqué que le futur assassin avait des difficultés à «comprendre les choses» ou qu'il restait «très isolé dans sa chambre, dans son lit et dans le noir». Il a également une vision très positive du terme «martyr».

La police trouve un testament

Comme il ne remplissait toujours pas ses obligations, la police cantonale vaudoise lui a rendu visite quatre jours avant le meurtre à Morges. Elle serait alors tombée sur un testament manuscrit intitulé Au nom d'Allah, le miséricordieux, le très miséricordieux. Un document non daté et non signé. Un coup d'œil sur son téléphone portable aurait, en outre, montré qu'il effaçait à chaque fois immédiatement les traces de ses communications sur son portable.

Selon la RTS, le Ministère public vaudois s'est montré préoccupé par cette découverte dans un courriel adressé à la police cantonale et au MPC. D'après la RTS, on ne sait toujours pas comment ce dernier a réagi.

Ainsi, on ignore pourquoi il n'a pas été arrêté à nouveau malgré les manquements pointés. Le MPC a, toutefois, déclaré peu après l'homicide que jusqu'alors:

«Aucun manquement aux mesures de substitution imposées qui aurait justifié une nouvelle détention ne lui avait été signalé.»

Le Ministère public fédéral garde le silence

Interrogé par CH Media, le MPC a déclaré qu'il ne pouvait pas répondre pour le moment. La procédure pénale est encore en cours. Et l'enquête menée par l'autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération sur la collaboration entre le MPC et les cantons dans le domaine des infractions terroristes est toujours en cours.

La famille de la victime envisage d'intenter une action en responsabilité contre la Confédération. Selon leur avocat, il y a eu «plusieurs manquements» qui pèsent encore sur la famille. «Il y a beaucoup d'incompréhension de leur part», a-t-il déclaré à la RTS. (aargauerzeitung.ch)

Voici le Challenger 2, le char anglais envoyé en Ukraine
1 / 9
Voici le Challenger 2, le char anglais envoyé en Ukraine
source: uk ministry of defence
partager sur Facebookpartager sur X
Des Pakistanais en colère brûlent le drapeau suisse
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Un type de naissance en particulier a fortement diminué en Suisse
Pendant la pandémie, de nombreuses familles se sont agrandies. C'est désormais l'inverse qui se produit. Le nombre d'enfants nés en Suisse n'a jamais été aussi bas qu'en 2023.

La baisse des naissances affecte de nombreux pays dans le monde. Les chercheurs enquêtent sur les raisons de cette tendance, que les gouvernements cherchent à inverser par le biais de nombreuses mesures, comme des tests de fertilité gratuits et des congés maternité.

L’article