Depuis le début de l'année, la demande d'œufs en Suisse a progressé de manière aussi significative qu'inattendue. «Selon la sorte, on enregistre plus de 5% de hausse», confirme un porte-parole de Migros à la SRF. Ce sont surtout les produits d'élevage en plein air qui sont concernés, les bio suisses étant pour l'instant encore assez nombreux, selon le distributeur.
Entre 2006 et 2010, chaque Suisse a consommé en moyenne 175 œufs par an. En 2022, ce chiffre était de 186, comme le montre la dernière analyse de marché de l'Office fédéral de l'agriculture (Ofag). La production totalisait 1,135 milliard d'unités en Suisse en 2022, alors que la consommation atteignait 1,654 milliard. Depuis, la demande a de nouveau légèrement baissé, ce qui a entraîné une réduction de la production. Avec des conséquences qu'on ne peut que constater aujourd'hui.
Pour que le pays ne soit pas menacé par une pénurie, les grands distributeurs doivent importer davantage depuis d'autres pays européens. Car l'agriculture suisse ne peut pas adapter à court terme sa production d'œufs à la demande. Pour cela, il faudrait trouver davantage d'agriculteurs, et surtout installer plus de poulaillers.
Impossible dans des délais trop serrés. «Nous travaillons avec des animaux», fait remarquer Daniel Würgler, un exploitant, à la SRF.
Une augmentation soudaine de la production ne serait pas non plus judicieuse. Avant Pâques, la demande d'œufs croît toujours d'environ 20%, mais elle s'effondre après les célébrations. Résultat: des milliers de poules pondeuses devraient alors être abattues.
Cette année, Pâques tombe en mars déjà et la fête a été précoce plusieurs fois au cours des dernières années. Ce ne serait toutefois qu'une raison parmi d'autres pour comprendre la pénurie actuelle. Selon l'Ofag, la hausse constante de la population et le changement des habitudes de consommation sont également pour beaucoup dans la modification de la demande. L'œuf joue un rôle de plus en plus central en tant que source de protéines.
Une analyse que partage le producteur, Daniel Würgler. Lors d'une baisse du pouvoir d'achat, l'œuf reste une alternative avantageuse à la viande. De plus, il s'agit d'un aliment simple, rapide à préparer et qui peut occuper une place de choix en complément d'autres ingrédients.
La pénurie atteindra probablement son point culminant avant Pâques. Migros assure tout mettre en oeuvre pour que ses rayons soient suffisamment fournis à ce moment précis. Mais l'assortiment pourrait bien se restreindre un peu en raison de l'indisponibilité de certaines sortes.
Adaptation française: Valentine Zenker