Dans un rapport, publié mercredi soir peu avant minuit, l'ONU accuse Pékin de violations massives des droits de l'homme envers la minorité musulmane des Ouïghours, qui vit dans la région du Xinjiang au nord-ouest de la Chine. Selon l'enquête, ils auraient notamment été détenus arbitrairement dans de soi-disant «établissements d'enseignement» et auraient été traités de manière «inhumaine» et «dégradante».
La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, conclut dans le rapport:
C'est la première fois qu'un document officiel établit que les accusations déjà connues adressées à la Chine sont effectivement fondées.
Le dossier, longtemps retenu, suscite également des discussions parmi les politiciens suisses versés dans le domaine des affaires étrangères. Côté socialiste, le conseiller national Fabian Molina estime, par exemple, que «le Conseil fédéral doit enfin reprendre les sanctions de l'UE à l'encontre de la Chine». «Il n'y a plus d'excuses», dit-il.
L'Union européenne a décidé de ces sanctions au printemps 2021 et les a prolongées d'un an l'hiver dernier. Concrètement, elles visent le Bureau de la sécurité publique du Xinjiang ainsi que des représentants du comité du parti de la région autonome ouïgoure du Xinjiang. Leurs avoirs dans l'UE sont depuis lors gelés par tous les Etats membres, ils ne reçoivent plus d'aides financières et ne peuvent pas se rendre dans l'UE.
En fin de compte, le rapport implique pour tous les Etats de l'ONU «l'obligation de réagir à ces violations des droits de l'homme», selon Molina. Ainsi, la Suisse a également une responsabilité. Il déclare entre autres que «le Conseil fédéral doit interdire l'importation de produits issus du travail forcé et faire appliquer de manière conséquente la responsabilité des entreprises».
Le conseiller aux Etats PLR, Andrea Caroni, souhaite lui aussi «que le Conseil fédéral continue à exprimer son inquiétude et son mécontentement concernant la situation au Xinjiang dans le cadre du dialogue avec la Chine». L'Appenzellois estime, en outre, qu'il est du devoir du Conseil fédéral d'examiner dans quelle mesure la Suisse pourrait s'associer à des sanctions dites thématiques.
«Sur la base de cette évaluation du Conseil fédéral, nous pourrons alors juger si nous pouvons et voulons également prendre de telles sanctions à l'encontre des responsables en Chine», a déclaré l'élu du canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures.
La conseillère nationale du centre Elisabeth Schneider-Schneiter, qui siège comme Molina et Caroni à la Commission de politique extérieure, est du même avis.«Nous devons profiter de chaque échange avec la Chine pour dire clairement que la Suisse n'accepte pas de telles violations des droits de l'homme». Il est «très important» que l'ONU se penche sur ces infractions et les publie sous la forme d'un rapport, a ajouté la Bâloise.
Traduit et adapté de l'allemand par sia