Lors de leur premier ramassage de l'année, les Romands de Summit Foundation ont récolté plus de 130 masques jetables, rien que sur le domaine skiable des Paccots. «Je suis tristement pas surpris», regrette Olivier Kressmann dont la fondation a lancé une campagne sur le sujet en mars dernier. 30 autres opérations de ramassage sont encore prévues dans le cadre du Clean Up Tour.
En Suisse, on avait vraiment besoin d'une campagne de sensibilisation pour inciter les gens à ne pas jeter leur masque par terre?
Olivier Kressmann, directeur exécutif de Summit Foundation: Quand on voit les volumes de déchets qu'on ramasse chaque année, il est évident qu'on a besoin d'une campagne de sensibilisation au littering de manière générale. Avec l'arrivée du virus et le fait que les stations de ski sont restées ouvertes, ajouter le masque jetable à notre campagne était une évolution naturelle. C'est l'un des fléaux du Covid en montagne. On n'a pas de chiffres précis mais, sur les pistes, on se rend compte qu'une part importante des skieurs utilisent des masques jetables. Les employés des remontées mécaniques nous disent qu'ils en ramassent beaucoup tous les jours.
Pourquoi est-on incapable de les mettre à la poubelle?
En soi, je pense qu'on est tous capables de le faire, mais il y a deux sources principales de pollution. La première, qui est profondément humaine, c'est l'accident. Chaque année, on retrouve des skis, des téléphones que les gens n'ont pas jetés délibérément mais qu'ils ont perdus. La deuxième, c'est la négligence de certains. C'est un vrai problème, parce que le masque est en plastique donc il sera probablement là pour toujours, en tout cas sous la forme de microplastique (réd: n'oubliez pas de faire notre quiz à ce sujet ci-dessous).
Mais il y en a tant que ça de ces masques par terre?
En ville, je trouve qu'on en voit déjà beaucoup. Immanquablement, c'est un déchet qu'on va ramasser en nombre au printemps sur les pistes quand la neige va fondre. C'est un objet émotionnel parce qu'il est nouveau et parce qu'il est potentiellement infecté. Au-delà de l'aspect environnemental, il y a aussi le côté sanitaire. Celui qui va le ramasser se met en danger.
Quel va être l'impact de ces déchets du Covid?
C'est encore difficile à dire pour le moment, on n'a pas de chiffres. Au-delà des masques, comme les restaurants sont fermés, il y a plusieurs milliers de repas à emporter qui sont servis tous les jours dans des barquettes en polystyrène. On attend la fonte des neiges pour se rendre compte de l'ampleur des déchets perdus et abandonnés par les skieurs. Bien sûr, j'espère me tromper. C'est comme pour la campagne de ramassage que nous organisons chaque année, il y a un côté un peu schizophrène parce qu'on est content à la fin de la journée quand on fait un gros score sur la balance mais, en réalité, on devrait se réjouir de ne rien trouver.
Hors Covid, Summit Foundation est très active dans les festivals. Vous ne vous êtes pas ennuyé cette année?
En réalité, on a plus de travail que jamais. 2020 nous aura donné raison après 20 ans à crier dans le brouillard. Tout à coup, la problématique des déchets est beaucoup plus visible. D'ailleurs, j'ai vu sur watson en allemand qu'à Arosa (GR), il y avait deux fois moins de visiteurs mais deux fois plus de déchets cette année. Beaucoup de gens ou d'entreprises ont également eu le temps de réfléchir avec la pandémie et veulent lancer des initiatives environnementales ou s'associer avec nous.
Interview réalisé en mars 2021 au moment du lancement de la campagne.
L'impact des microplastiques est de plus en plus pointé du doigt mais à quoi ressemblent-ils? Voilà la question à laquelle la photographe romande Claude Bernhard a voulu répondre avec sa série d'images représentant treize déchets mesurant entre 1 et 5 millimètres. Mettez la galerie en plein écran et à vous de jouer!