Suisse
Politique

Viol: un «non reste un non» pour le Conseil des Etats qui durcit la loi

Parlamentarier debattieren waehrend der Fruehlingssession der Sommersession Raete, am Dienstag, 7. Juni 2022 im Staenderat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Les parlementaires en plein débat mardi soir lors de la session de printemps, le 7 juin 2022.Image: sda

Le Conseil des États veut durcir la loi sur le viol, mais un «non reste un non»

Très à la traîne sur la réalité sociale sur le viol, la Suisse s'apprête à donner un coup d'accélérateur. Mardi, le Conseil des Etats s'est prononcé pour un durcissement du droit pénal sexuel. Toutefois, il n'y pas eu de majorité pour la proposition de la gauche sur l'expression du consentement.
07.06.2022, 21:2908.06.2022, 07:05
Plus de «Suisse»

C'est un «saut quantique» en matière de loi pénale sexuelle qui vient d'être franchi, a jugé mardi soir le conseiller aux Etats Beat Rider (Centre/VS), cité par l'Argauer Zeitung. Andrea Caroni (PLR/AR) évoquait pour sa part un «jalon». C'est une «lacune importante» qui vient d'être comblée.

En effet, c'est peut dire que la notion pénale de «viol» en Suisse accusait un sacré retard sur son temps et nécessitait une sérieuse modernisation.

Le viol aujourd'hui en Suisse: définition
Pour rappel, la définition actuelle d'un viol en Suisse est pour le moins restrictive. Elle doit remplir deux conditions: tout d'abord, il ne peut s'agir que d'une pénétration non consentie d'un homme sur une femme. En outre, il faut que la victime ait clairement exprimé son refus et que l'agresseur ait eu recours à des moyens de coercition (menace, pressions...).

Qu'en sera-t-il désormais?

A l'avenir, il n'y aura plus besoin de violence, de menaces ou de pression psychologique pour qu'une agression sexuelle soit qualifiée de viol. Il suffit que la volonté exprimée verbalement - ou non verbalement - par la victime soit ignorée. La peine minimale s'il y a coercition a été augmentée à deux ans.

En outre, le Conseil a convenu que les victimes masculines devraient être incluses dans la définition du viol. Toute pénétration non consentie, qu'elle soit orale, vaginale ou anale, effectuée sur un homme ou une femme doit être considérée comme un viol. Une personne qui oblige un tiers à violer quelqu'un sera également considérée comme une violeuse.

Le projet introduit en outre une gradation des infractions:

  • Sans contrainte.
  • Avec contrainte.
  • Avec cruauté, ou en utilisant des armes dangereuses.

Les peines augmenteraient avec la gravité de l'infraction, allant de l'amende à cinq ans de prison. Aucun plafond n'étant mentionné, la peine maximale pourrait aller jusqu'à 20 ans d'emprisonnement. Werner Salzmman (UDC/BE) a quant à lui tenté de supprimer les amendes et augmenter les peines de prison. Il n'a pas eu gain de cause.

Finalement, il s'est prononcé pour que certains actes à caractère sexuel impliquant des enfants de moins de 12 ans soient punis d'une peine d'emprisonnement minimale d'un an.

Faute de temps et d'avoir pu tout aborder, la petite chambre poursuivra ses délibérations lundi prochain. Sera notamment débattue la possibilité de créer une nouvelle infraction pour la pornographie dite «de vengeance».

«Le non reste un non»

Le Conseil des Etats a aussi et surtout dû débattre d'une notion très discutée: le consentement.

Deux variantes ont été posées sur la table:

  • «Non c'est non», défendue par une majorité, qui souhaite que les infractions se basent uniquement sur l'expression d'un refus.
  • «Oui c'est oui», défendue par une minorité de gauche, qui réclame un consentement exprimé explicitement. Les actes sexuels devraient également être punissables s'il n'y a pas de consentement.

Des viols qui ne sont pas couverts?

Pour la gauche, la première option n'allait pas assez loin - et «il existe un risque non négligeable qu'une partie des viols ne soient pas couverts», a critiqué Lisa Mazzone (Vert-e-s/GE). Une étude suédoise a démontré que 70% des victimes sexuelles ont subi une «immobilité tonique». En état de sidération, elles n'ont pas pu exprimer leur opposition verbalement ou physiquement. Elles ont subi leur agression sans réaction.

Lisa Mazzone, GP-GE, spricht bei der Debatte "Strafrahmenharmonisierung und Anpassung des Nebenstrafrechts an das neue Sanktionenrecht" waehrend der Fruehlingssession der Sommersession Raete ...
Lisa Mazzonne, le 7 juin 2022.Image: sda

Ou le risque d'une «une criminalisation de la sexualité»?

La majorité du camp bourgeois n'a cependant pas suivi. La variante du «oui» mènerait à «une criminalisation de la sexualité», a dénoncé Beat Rieder (C/VS). L'option du refus est «une vision plus positive de la sexualité, fondamentalement voulue par les deux partenaires.» Avec la version du consentement, le fardeau de la preuve serait en outre inversé, a-t-il continué.

Beat Rieder, Mitte-VS, spricht waehrend der Fruehlingssession der Sommersession Raete, am Dienstag, 7. Juni 2022 im Staenderat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Image: sda

Andrea Gmür-Schönenberger (C/LU) a quant à elle proposé une troisième option. Il y a viol si l'auteur passe outre le refus verbal ou non verbal de sa victime. «C'est une version plus réaliste et plus claire qui prend également en compte une possible immobilité tonique», a expliqué la Lucernoise. Une vision contestée à gauche, mais qui a failli passer.

Après d'intenses discussions, le Conseil des Etats s'est finalement prononcé à 23 voix contre 10 et 10 abstentions en faveur de la règle du «Non c'est non». (mbr)

«Ce n'est pas juste», l'avocate d'Amber Heard s'exprime pour la première fois
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Cette star suisse de la crypto grimpe l'Everest au lieu de payer ses dettes
L'enfant réfugié devenu millionnaire fait à nouveau parler de lui. Dadvan Yousuf doit payer des dettes, mais à la place de son rendez-vous à l'office des poursuites, ce pro de la crypto a préféré un autre plan.

Dadvan Yousuf est un personnage haut en couleur. En discutant avec lui, on pense avoir affaire à un jeune entrepreneur honnête qui s'est fait avoir à ses dépens. Si l'on s'entretient avec ses anciens partenaires commerciaux en revanche, le portrait devient celui d'un bluffeur effronté. Comment démêler le vrai du faux? Quoi qu'il en soit, l'histoire du «prodige de la crypto» a connu un énième rebondissement.

L’article