La crise du coronavirus n’est pas encore terminée que se posent déjà les questions de l’«après». De ce qui restera, ou pas, une fois la pandémie derrière nous. Parmi ces questions, l’avenir de la taskforce Covid-19 de la Confédération, créée spécifiquement pour combattre la pandémie, mais également critiquée pour ses prises de paroles, son pouvoir ou encore sa composition.
Pour le conseiller aux Etats, Olivier Français (PLR/VD), il y a lieu de s’organiser pour l’avenir. Son idée: Créer une structure qui aura pour tâche de mettre en place des task forces spécifiques, s'appuyant sur les autorités en cas de crise.
Dans une motion déposée mi-mars, le Vaudois propose ainsi de monter une plateforme permanente d’experts scientifiques. Composée notamment «des parties prenantes de la recherche suisse», elle serait chargée d’identifier les possibles futures crises (technologiques, sanitaires, économiques, naturelles, etc.) et – surtout – de sélectionner les experts du pays dans les différents domaines concernés. «Nous saurons ainsi très bien qui travaille sur quoi et où», plaide-t-il.
Autre point qui lui tient à cœur: Le contrôle de la communication. «Le monde scientifique doit se coordonner. C’est très important. Selon moi, si on accepte une mission d’expert dans une task force de la Confédération, on doit être d’accord de se plier à une communication commune. Si on n’est pas d’accord, on n’entre pas dans une task force ou alors on la quitte», souligne l’élu.
Entre les lignes, on comprend que la cacophonie, apparue ici et là, ou encore les déclarations individuelles des experts ne lui siéent pas du tout. Critique peu étonnante quand on sait qu’Olivier Français était favorable au «musellement» de la task force Covid, appuyé par une commission, mais refusé en fin de course par le Parlement en mars.
Pour le Conseil fédéral, l’idée d’Olivier Français n’est pas mauvaise. Mais des dispositifs sont déjà en place pour «l'activation rapide et flexible des ressources nécessaires sur les plans scientifique, économique, sociétal et administratif aux niveaux fédéral et cantonal», estime-t-il dans une réponse à la motion rendue mercredi.
Reconnaissant qu’il a fallu du temps pour réunir les différents acteurs dans une structure coordonnée au début de la crise, il a chargé l’administration de «cultiver et de développer ses réseaux de manière encore plus ciblée d'ici à la fin 2021».
Par ailleurs, une évaluation de la gestion de la crise sera réalisée ultérieurement et un rapport sera présenté au Conseil fédéral d'ici septembre 2022. Ce dernier reviendra sur les autres possibilités d'associer davantage les milieux scientifiques à la gestion de crise par l'administration fédérale.
Olivier Français rit jaune. «Donc on aura des éléments de réponses dans deux ans. Puis une avancée dans quatre ans. Le Conseil fédéral semble se limiter à la crise du Covid. Il n’y a pas que ça!», s’alarme-t-il. «C’est vraiment n’importe quoi. Nous sommes dans l’immobilisme politique le plus total».
Cela dit, l’élu ne s’inquiète pas vraiment. Si le Conseil fédéral a certes proposé de rejeter sa motion, elle risque bien de passer la rampe au Parlement. Au Conseil des Etats, celle-ci a en effet été cosignée par 19 élus (sur les 46 que compte cette chambre).
Pour Marcel Salathé, professeur en épidémiologie digitale à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), il s’agit de prendre un peu de hauteur. «Les discussions autour de la task force se sont politisées. Aujourd’hui, il faut s’interroger plus globalement sur les liens entre la Confédération et la recherche, trop faibles selon moi», estime celui qui a claqué la porte de la task force Covid-19 de la Confédération, en début d’année.
En gros: ça ne suffit plus de participer à des réunions formelles, de s’écrire des emails et des numéros de téléphone.