Les données des politiciens suisses fuitent régulièrement sur le dark web. C'est ce qui ressort d'une étude menée par la société Proton, le fournisseur de messagerie chiffrée basé à Genève, en partenariat avec Constella Intelligence. Il en ressort:
Au total, ce sont 277 adresses e-mail appartenant à des membres du Conseil national, du Conseil fédéral et du Conseil des Etats qui ont été examinées, nous glisse la société genevoise.
Proton affirme que ces fuites sont directement liées à l'utilisation d'adresses mail officielles (celles du Parlement) des politiciens sur des plateformes tierces. Proton révèle également que certains conseillers nationaux ont usé de leurs adresses e-mail officielles pour s'inscrire sur des sites pour adultes et de rencontre (Myprivateangels et Badoo, notamment). L'entreprise souligne que les risques de chantage grandissent sur ce genre de plateforme.
Toujours selon l'étude de la société genevoise, les fuites de données personnelles se chiffrent à 145, dont 78 mots de passe sur des sites tiers. Le risque prend également l'ascenseur si ces personnes réemploient des mots de passe pour plusieurs services.
Voici quelques informations complémentaires concernant les chiffres de cette enquête:
Pour poursuivre, Proton dévoile un échantillon des différents sites web exposés où des comptes liés à des parlementaires ont été découverts:
La palme revient à un membre du Conseil national (que Proton ne désire pas divulguer) identifié comme étant la personne la plus fréquemment ciblée: jusqu'à 15 fuites.
Cette brochette d'informations met en évidence d'importantes failles de sécurité chez les responsables politiques suisses. Proton complète:
Eamonn Maguire, responsable de la sécurité des comptes chez Proton, assure qu'«un seul mot de passe compromis peut avoir de graves conséquences pour la sécurité nationale.»
Cette recherche menée par Proton et Constella s'inscrit dans le cadre d'une enquête sur la fragilité des personnalités politiques mondiales. Des études antérieures ont révélé des risques similaires parmi les élus du Royaume-Uni (68% exposés), du Parlement européen (44%), deFrance (18%) et d'Allemagne (13%), entre autres.
Plus largement, les cyberincidents ne font qu'augmenter en Suisse. Outre la cible que portent les politiciens dans le dos ou sur leur adresse mail, les citoyens suisses sont aussi touchés. Le Centre national suisse de la cybersécurité (NCSC) a enregistré 34 789 cyberincidents au premier semestre 2024, soit près du double du chiffre enregistré à la même période en 2023. Les incidents sont signalés toutes les 8,5 minutes en Suisse en 2025.