La blague n'a semblé faire rire que lui. Le nouveau conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet a récemment plaisanté dans une rubrique satirique de Tribune de Genève: il a annoncé «encore hésiter» à renoncer à son mandat au Grand Conseil obtenu lors du premier tour des élections genevoises. Problème: comme le fait remarquer Le Temps, jeudi 25 mai, l'homme qui s'apprête désormais à prêter serment au sein du gouvernement cantonal avait, dès son élection au second tour (sans toutefois donner de délai clair), l'obligation de choisir entre son nouveau mandat à l'exécutif et celui au législatif. Et le malaise va plus loin.
Dans le cas de la tête du parti «Libertés et justice sociale», cette double casquette n'est pas seulement dérangeante au niveau institutionnel. Elle l'est aussi d'un point de vue «déontologique», affirme auprès de nos confrères le député socialiste Thomas Wenger. Car depuis le 30 avril – date de son élection au Conseil d'Etat genevois – Pierre Maudet, qui n'est pas encore en fonction, siège donc à la Commission de contrôle de gestion (CdG). Celle-là même qui, dès 2018, a traité les différentes affaires ayant mis ce dernier sur la touche lorsqu'il était conseiller d'Etat entre 2012 et 2021.
«En obtenant les codes d’accès à la CdG, Pierre Maudet peut consulter les procès-verbaux et constater quels élus ou fonctionnaires ont témoigné en sa défaveur», poursuit Le Temps plus particulièrement au regard de son voyage à Abou Dabi. Le politicien peut par ailleurs vérifier les examens menés sur ses futurs collègues du Conseil d’Etat, notamment ceux dont le mandat a été renouvelé. Le 12 mai, lors de la session plénière du Grand Conseil, Maudet n'a d'ailleurs pas hésité à commenter l'un des rapports de la CdG, pour une autre affaire.
La où la présidente du Grand Conseil, Céline Zuber-Roy, a jugé un problème «éthique [...] surtout lorsque l’objet en question le touche indirectement», le principal intéressé a plutôt indiqué une simple «occasion de se rendre compte de l’intérieur du travail parlementaire». Pierre Maudet a toutefois confirmé démissionner du Grand Conseil fin mai avant de prêter serment comme conseiller d’Etat le 1er juin.
(mndl)