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Climat: 3 défis auxquels font face nos barrages suisses

Fonte des glaciers, concessions... 3 défis auxquels font face nos barrages

Les fortes chaleurs annoncées pour la Suisse nous ramènent à un élément dont dépend notre approvisionnement énergétique: l'eau. Les barrages hydrauliques, première source d'énergie renouvelable du pays, font face à des défis colossaux. En voici trois, sous forme de questions-réponses.
15.07.2022, 11:5504.08.2022, 09:08
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La fonte des glaciers vide-t-elle les réservoirs d'eau?

Avec la chaleur et la sécheresse des jours à venir, nous mesurons ce qui devient peu à peu la norme en termes de climat. «On prévoit une augmentation de la fréquence des épisodes très chauds», affirmait dans nos colonnes le météorologue Nicolas Borgognon. La fonte des glaciers en est une conséquence visible. Les réservoirs des barrages hydrauliques, première source d'énergie renouvelable en Suisse, sont-ils dès lors amenés à se vider? Ce n'est pas si simple.

Bettina Schäfli, professeure en hydrologie à l’Université de Berne, expliquait à la RTS que «la grande majorité de l'eau qui remplit les lacs de barrages ne provient pas des glaciers, mais de la pluie et de la neige qui tombe chaque année». Et comme il y aura toujours ces précipitations à l'avenir, les réserves hydrauliques ne courent pas un grand danger dans les prochaines décennies. Tout au plus peut-on s'attendre selon elle à quelques pour cent de précipitations – et donc de stockage d'eau – en moins. Ce à quoi il faut sérieusement se préparer, c'est un changement saisonnier:

«En été, l'eau va arriver plus tôt avec la fonte de plus en plus précoce de la neige et des glaciers. Les exploitants d'installations hydroélectriques devront s'adapter à cette nouvelle situation»
Bettina Schäfli, professeure en hydrologie à l’Université de BerneRTS

Qui va mettre la main sur la propriété des barrages?

Si l'eau a une valeur en soi, les installations hydrauliques ont également un prix économique. C'est le grand enjeu du moment. Pour résumer, il y a environ huit décennies, les communes valaisannes ont choisi de concéder à des investisseurs extracantonaux l'exploitation des barrages. Ces concessions arrivent à échéance ces trois prochaines décennies. La question de la propriété des exploitations va alors se poser.

La loi cantonale prévoit une solution de mix entre pouvoirs privés et pouvoirs publics. La propriété des aménagements reviendra aux communes qui disposent de l’eau à au moins 30%. L’Etat du Valais, par l'intermédiaire des Forces motrices valaisannes (FMV), société entre les mains du canton et des communes, pourra racheter les 30% suivants. Quant aux 40% restants, les communes décideront si elles veulent les vendre ou non à des privés.

Laisseront-elles la possibilité à des industriels (très concrètement et dans la grande majorité des cas, les acteurs actuels) de devenir co-propriétaires de leurs usines hydrauliques? C'est probable. Même Grégory Logean, le patron d'Hérémence (VS) qui s'est battu pour que le barrage de la Grande Dixence revienne à la commune, déclare dans la Tribune de Genève «qu’il faut travailler en bonne intelligence avec le concessionnaire actuel – en l’occurrence Alpiq». Les arguments qui plaident pour cette solution: la connaissance des ouvrages par ces entreprises et le partage du risque industriel.

Y aura-t-il beaucoup d'oppositions aux projets?

C'est un facteur essentiel. La patronne d'Alpiq, deuxième plus grand fournisseur d'électricité du pays, Antje Kanngiesser, expliquait récemment que les oppositions aux projets, notamment hydrauliques sont actuellement nombreuses. Trop, à son goût. Il s'agit de simplifier les procédures, comme le propose le Département fédéral de l’environnement et de l’énergie (Detec) de Simonetta Sommaruga.

Selon Antje Kanngiesser, il est grand temps d'avancer rapidement dans les domaines du renouvelable. Cette réussite dépendra donc en partie de la bonne volonté de la société, dont, paradoxalement, certains groupes écologistes. On peut, par exemple, songer au rehaussement du barrage de Grimsel (VS), un chantier combattu pendant 20 ans par des groupes de protection de la nature.

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