
On a presque oublié ce qu’on pouvait faire il y a un an et des poussières.Image: KEYSTONE
Votée la semaine dernière dans la loi Covid, l’aide aux manifestations de grande ampleur arrive tard. Les dégâts sont déjà là, mais certains espèrent quand même sauver quelques raouts de l’été.
23.03.2021, 18:3123.03.2021, 21:50
C’est déjà connu: pas de Festi’Neuch, pas de Gurten festival, par d’OpenAir de Saint-Gall… Notre été sera-t-il vraiment pourri? Non, espère Samuel Bendahan, conseiller national (PS/VD) qui a œuvré pour l’introduction dans la loi Covid d’un «parapluie de protection». L’objectif: sauver les manifestations «supracantonales».
Selon lui, c’est assez simple: préparer un événement et devoir l’annuler une deuxième fois comme l’an dernier serait fatal. Dans ce contexte, des faillites et des disparitions ne sont pas impossibles.
Le fameux parapluie:

A quoi ressemble ce mécanisme d’aide? Si un événement majeur obtient l’autorisation de son canton de résidence, les organisateurs peuvent commencer la préparation sans aucun risque: au cas où l’événement est finalement annulé à cause de la pandémie, les frais non couverts sont remboursés (50% par la Confédération, 50% par le canton).
«L’objectif est de pousser les organisateurs à se lancer dans les préparatifs de leur manifestation»
Samuel Bendahan, conseiller national
Des inconnues à clarifier
Le «parapluie» est valable du 1er juin prochain au 30 avril 2022, de quoi englober les festivals de l’été et de l’hiver, mais aussi les (grandes) foires, les (grands) marchés de Noël et les (gros) concerts.
Reste d'importantes zones d'ombre, telles que la définition de manifestations «supracantonales» – Samuel Bendahan évoque celles dont «le rayonnement est plus large que purement local ou régional» – ou encore l’autorité qui devra traiter les demandes.

Samuel BendahanImage: KEYSTONE
Des détails qui devront être décrits dans un règlement ou une ordonnance «le plus rapidement possible», si l’on en croit Isabelle Rösch, porte-parole du Département fédéral des finances (DFF) d’Ueli Maurer. Un groupe de travail a été mis en place et ses travaux ont débuté hier.
Trop tard ou pas trop tard?
Bref calcul: nous sommes fin mars, la loi Covid a été acceptée il y a quatre jours et le groupe de travail commence à peine. Alors que pour une «manifestation supracantonale», les préparatifs doivent déjà être bien avancés pour être prête d’ici l’été.
«Ce qui est important désormais, c’est que les organisateurs aient confiance en ce mécanisme de soutien»
Samuel Bendahan
«Bien sûr que nous sommes trop tard, comme pour beaucoup de choses dans cette pandémie», tonne Samuel Bendahan. Mais mieux vaut tard que jamais et je pense que nous pourrons sauver quelques événements grâce à ce parapluie de protection.»
La balle est désormais dans le camp du Conseil fédéral, sous pression. Pour l’élu, les cantons seraient bien avisés de communiquer rapidement sur la procédure et les évènements concernés.
Ce parapluie est-il utile?
On a sondé quelques festivals «supracantonaux», en voici deux qui répondent:
Festi’Neuch
- Pour le festival neuchâtelois, qui a déjà annulé son édition 2021, l’introduction plus rapide de ce parapluie de protection n’aurait rien changé, notamment parce que les incertitudes sont encore trop nombreuses. Et organiser une manifestation avec d’importantes contraintes «dénature» l’idée même du festival.
- Pour Antonin Rousseau, directeur, ce mécanisme reste toutefois indispensable et nécessaire pour éviter que les organisateurs des différentes manifestations – notamment automnales – ne perdent pas tout et disparaissent. Et de souligner que Festi’Neuch aura besoin de soutiens financiers pour être certain d’être vivant en 2022.
Paléo Festival de Nyon
- Pour le Paléo festival de Nyon, ce «parapluie de protection» arrive trop tard. «Le temps de la mise en œuvre est difficilement compatible avec notre calendrier. Nous ne pouvons plus attendre et avons prévu de prendre des décisions dès la semaine prochaine, avec des engagements financiers et la signature des premiers contrats», indique Daniel Rossellat.
- Le directeur souligne aussi qu’il y a de nombreuses conditions à l’obtention de l’aide – certaines sont encore inconnues –, ce qui restreint immanquablement le périmètre de la protection financière.
- Bien que Daniel Rossellat estime que peu de manifestations de l’été pourront être aidées grâce à la loi Covid, il salue le travail réalisé pour arriver à cette solution. Ceux qui en profiteront pourront en effet engager des fonds sans risquer de tout perdre en cas d’annulation pour raisons sanitaires.
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