Des restaurateurs sont en rogne contre Smood. Il y a quelques mois, c'étaient les livreurs qui étaient en colère. Tout se complique pour Marc Aeschlimann, le fondateur de l'entreprise.
Ces derniers jours, c'était le branle-bas de combat dans les bureaux de Smood. Comme le révèle ce jeudi Le Temps, citant Unia, la société Simple Pay a été mise en place pour employer seulement des livreurs travaillant pour Smood. Une manœuvre permettant de contourner le droit du travail. En août, Simple Pay a résilié 218 contrats de travail et s'apprête à mettre la clé sous la porte, selon Unia. Autre fait intéressant, Simple Pay est dirigée par la cofondatrice de Smood.
Sur le terrain, la réputation de Smood en prend pour son grade. Dans le petit monde lausannois de la restauration, de multiples restaurants préfèrent se tourner vers Uber Eats, plus sérieux et plus rapide pour livrer la marchandise, doté d'une meilleure application, selon les différents restaurateurs interrogés. Interrogés, des employés de McDonald's ou d'autres chaînes de restauration rapide décrivent une gabegie dans l'organisation proposée par Smood. L'un d'eux nous dit que des commandes peuvent rester plus d'une heure sans qu'un livreur ne se pointe.
Mais la version officielle est différente. McDonald's Suisse se dit convaincu de leur partenariat avec Smood:
Un autre établissement bien connu des Lausannois est particulièrement critique et a même décidé de rapidement se passer des services de Smood - en 2019. L'un des collaborateurs assure que la société suisse prend des marges importantes, supérieures à celles de la concurrence (Uber Eats ou encore EAT.ch). Pire, Smood n'hésiterait pas à pénaliser le restaurateur si la livraison est en retard ou s'il y a une erreur dans la commande - des pénalités confirmées par plusieurs interlocuteurs.
A Lausanne, le Bruxelles Café a également pris la décision de stopper l'hémorragie, en mai de cette année, avec la société de Plan-Les-Ouates, déplorant des retards à répétition et une gestion désastreuse des livreurs.
Dans une autre franchise de restaurants romands, une collaboratrice nous explique que les commandes arrivent parfois à 21h55, alors que les cuisines ferment à 22h. En moyenne, c'est «30 à 40 minutes de retard» pour la prise en charge des plats. La société reconnaît que malgré la collaboration de longue date avec l'acteur suisse de la livraison, techniquement, il y a des failles. «On a une bonne relation avec eux, mais il est vrai que nous sommes au minimum une fois par semaine en contact avec eux pour des problèmes», détaille notre source.
Dans un café lausannois de la place de la Gare, c'est le même son de cloche: «nous devons bien emballer les cafés pour qu'ils ne soient pas totalement renversés à la livraison. Disons que ce n'est pas évident avec Smood», nous souffle une employée, le sourire en coin.
A écouter les différents témoignages, les livreurs seraient dépassés par les événements, additionnant les commandes dans leur voiture de fonction. Un gérant d'une enseigne de restauration rapide très populaire, confie que les livreurs empilent joyeusement les commandes, entre les pizzas, les kebabs et les burgers. Pour le service de qualité, on repassera. Sans omettre les retards (encore et toujours) à répétition.
Contactée, Smood admet des failles dans sa gestion.
Mais maintenant, selon Smood, le calme serait de retour à Plan-les-Ouates. «Nous avons conclu le plan social, afin de garantir des normes d'emploi à la pointe du secteur, je peux vous assurer que nos partenaires et le fait de fournir la meilleure expérience de livraison possible à nos clients sont notre priorité absolue alors que nous nous préparons à une période hivernale chargée», conclut la société.
Des promesses qui visent à relancer la machine. Selon le syndicat Unia, cité par Le Temps, Smood aurait, envers ses employés, une dette qui se chiffrerait à «environ 10 millions de francs en salaires, assurances et frais professionnels».