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En Suisse: «Les Ukrainiens, c’est pas des réfugiés, c’est des Européens»

Des Ukrainiens en gare de Lviv attendent le train qui les emmènera en Pologne, 26 février 2022.
Des Ukrainiens en gare de Lviv attendent le train qui les emmènera en Pologne, 26 février 2022. image: shutterstock

Une Suissesse: «Les Ukrainiens, c’est pas des réfugiés, c'est des Européens»

Face à la menace russe, l'Europe vient en aide aux Ukrainiens, dont elle est prête à accueillir les réfugiés en très grand nombre. Au détriment des migrants venus d'ailleurs? Début de controverse.
28.02.2022, 17:0208.05.2023, 19:33
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Une querelle est en train de prendre sur les réseaux sociaux. Aux frontières de l’Union européenne (UE), particulièrement en Pologne où affluent des milliers d’Ukrainiens fuyant la guerre, il y aurait les «bons réfugiés» et les «mauvais réfugiés». Les «bons» seraient les ressortissants ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, chaleureusement accueillis en territoire polonais. Les «mauvais» seraient les migrants originaires d’Afrique et du Moyen-Orient, en butte à de multiples complications.

On se souvient qu’à la fin de l’année dernière, la Pologne avait repoussé des milliers de migrants, essentiellement des Kurdes, massés à sa frontière avec la Biélorussie. Allié de la Russie dans la guerre, le régime biélorusse autocrate entendait user de la pression migratoire contre son voisin polonais, en représailles à des sanctions de l'UE le frappant. La Pologne, elle, avait dressé un mur de barbelés pour empêcher l’entrée de ces migrants sur son territoire.

«Deux poids, deux mesures»

Au-delà du cas biélorusse, des internautes dénoncent ces jours-ci un deux poids, deux mesures, selon qu’il s’agisse de réfugiés ukrainiens ou de réfugiés «basanés». Si les premiers sont exemptés de tests Covid, les seconds seraient tenus d’en produire lorsqu’ils se présentent à la frontière polonaise.

L’argument comprend des soupçons de racisme. Comme dans ce tweet rédigé par Idriss Sihamedi, l’ancien directeur de l’association Baraka City, dissoute par le gouvernement français pour «propagande islamiste»:

Le même retweetait un peu plus tard un tweet contenant une vidéo montrant des individus d’origine africaine, apparemment non prioritaires pour monter dans des trains partant d’Ukraine pour fuir la guerre:

Lundi matin, une dame dans le Neuchâtel-Berne...

Ce lundi matin dans le train menant de Neuchâtel à Lausanne, une dame assise au wagon-restaurant, s’adressant à un groupe d’amis, affirmait, à propos des dizaines de milliers d’Ukrainiens gagnant les frontières de l'UE, la Suisse s’apprêtant à en accueillir: «C’est pas des réfugiés, c’est des Européens».

Dérapage? L’invasion russe de l’Ukraine produit depuis quelques jours un fort sentiment d’appartenance européenne parmi les citoyens de l’Union européenne, la Suisse ne faisant pas exception. Chacun éprouve le besoin de resserrer les rangs face aux menaces russes. Au détriment des migrants extra-européens, comme si l'urgence de la situation donnait aux Ukrainiens la priorité sur toute autre origine?

Du lapsus dans l'air

Est-ce un sous-entendu? Un lapsus? Toujours est-il que le 25 février à la radio Europe 1, le Français Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, a déclaré, au sujet de la vague migratoire ukrainienne qui prenait forme alors:

«Ce sera sans doute une immigration de grande qualité»
Jean-Louis Bourlanges

«They seem so like us.» «Ils nous ressemblent tant», a écrit pour sa part dans le quotidien anglais The Telegraph l’ancien député européen britannique Daniel Hannan, du parti conservateur. Il voulait parler des Ukrainiens. Un possible sous-entendu («contrairement aux autres») là aussi, ont cru déceler ceux que ces propos ont choqués, tel ce responsable d’une ONG britannique d’aide aux réfugiés:

Il est indéniable que la crise ukrainienne, assortie d’un discours du Kremlin sur l’usage de l’arme nucléaire, favorise un «Europe first», une préoccupation des Européens pour leur propre sort.

«L'Occident s'intéresse à l'Occident»

C’est ce que signifie ironiquement ce tweet d’un journaliste de magazine français Marianne en réponse à un tweet s’indignant du prétendu désintérêt des médias occidentaux pour les malheurs des autres:

L'invasion russe en images
Video: watson
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