Les Etats du monde s'inquiètent-ils de ce que l'on raconte à leur propos sur internet? Evidemment. Mais tous les pays ne sont pas pareillement scotchés devant leur écran, à scruter la moindre trace d'information problématique.
Qui? Quoi? Quand? Combien? Cette semaine, Surfshark a décidé de rassasier notre curiosité. Dans une étude qui concerne pas moins de 150 nations, ce service VPN basé aux Pays-Bas s'est amusé à fourrer son nez dans les réclamations des gouvernements. Au programme: articles, vidéos, images, blogs, jusqu’aux données géographiques qui font polémiques. Selon cette étude, c'est YouTube qui cristallise le plus de grognes, mais Google Search, Google Maps et la plateforme Blogger ne sont évidemment pas épargnés.
Et si vous vous demandiez si le monde se porte de mieux en mieux, sachez pour commencer que les requêtes auprès du géant américain ont augmenté de 50%... rien qu'en 2022.
Et que s'est-il passé en 2022, pour que les plaintes explosent à ce point? La guerre contre l'Ukraine, bien sûr! Le Kremlin, manifestement peu satisfait de ce qu'il dégotte en ligne à son sujet, est pleinement responsable de cet embouteillage, avec 215 349 réclamations, sur les 355 000 reçue par Google depuis 2013. Pour mieux se rendre compte: «La Russie a soumis 11 demandes par heure, durant les heures de bureau». En face de Vladimir Poutine, l'Ukraine se montre carrément moins tatillonne et se glisse à une discrète 25e position, avec 590 formulaires adressés en dix ans.
Et on parle notamment «d'allégations de terrorisme, d'extrémisme, de menaces contre les Etats et de violations claires de la sécurité nationale». Agneska Sablovskaja, chercheuse chez Surfshark, précise bien que ce ne sont que des «souhaits» des gouvernements. Car toutes les demandes n'aboutissent pas forcément à une suppression. (On a presque envie de dire «ouf»).
A noter qu'après la sécurité nationale, ce sont des questions de droits d'auteur, de diffamation et de secrets judiciaires qui inquiètent les pays du monde. Et il faut savoir que dans un seul formulaire se cache en moyenne une dizaine de fichiers considérés comme potentiellement problématiques. Si bien que sur la dernière décennie, Google a reçu au total 3,87 millions d’éléments à analyser.
Le nombre de fichiers qui ont fini à la poubelle? Mystère.
Selon Surfshark, seulement six pays se taillent la part du lion, en représentant plus de 85% des demandes de suppression.
Ensuite, le fossé se creuse d'un coup sec. Juste après les Etats-Unis, on retrouve par exemple nos voisins français à la 7e position (5645 requêtes), juste avant le Pakistan (5083) et le Royaume-Uni (4873).
La Suisse, neutre, douce, menue et discrète, a-t-elle eu des informations compromettantes à signaler au géant Google, ces dix dernières années?
La réponse est oui: 213 formulaires, dont 18 rien qu'en 2022.
Ce qui hisse notre pays à une honorable 35e position, cerné par la Grèce et le Mexique. Pour se faire une idée plus franche: nos fichiers représentent à peine 0,06% de toutes les réclamations faites auprès de Google en dix ans.
Enfin, on réalise que le changement de mentalité est flagrant: en 2013, peu de pays se montraient particulièrement inquiets des données relatives à la sécurité nationale présentes sur le moteur de recherche.
Si cette étude vous intéresse, vous pouvez cliquer ici pour plus de détail. Et si vous êtes suffisamment endurant, voici la page Google qui vous permettra de télécharger toutes les données.