Le 9 décembre dernier, trois psychologues en formation adressaient une pétition à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et au conseiller fédéral Alain Berset. Avec le soutien de l'association nationale et forts de 4920 signatures, ils voulaient alerter les autorités sur plusieurs problématiques liées au nouveau modèle de prescription en psychothérapie.
Suite à ce changement, les psychologues-psychothérapeutes peuvent désormais facturer leurs prestations à l’assurance de base. Pourtant, dans les faits, le nouveau système laisse les jeunes en formation dans le flou. Notamment à cause du fait que certaines assurances maladie ont décidé de ne pas rembourser leurs prestations, même si ces derniers suivent des milliers de patients chaque année. Jusqu'à 12 000 en Suisse romande et au Tessin, selon des chiffres avancés il y a quelques mois.
«Il s'agit d'éviter une catastrophe annoncée», nous indiquait en novembre Camille Ulmann, l'une des pétitionnaires. Or, plus de trois mois après l'envoi de la pétition, les auteurs du texte n'ont toujours pas reçu de réponse de la part des autorités. «Il y a énormément de déception. Pas uniquement la mienne, mais également de la part de tous les psychologues-psychothérapeutes en formation», réagit-elle aujourd'hui. Et d'ajouter:
Depuis l'envoi de la pétition, rien n'a changé au niveau politique, poursuit la jeune psychologue. «Des discussions sont actuellement en cours, mais aucune mesure n'a été prise». Parallèlement, pourtant, «toutes les prédictions catastrophiques que nous avons formulées l'année passée se sont réalisées», assure Camille Ulmann.
Autre problème: «A cause de cette situation, il est de plus en plus difficile de trouver un thérapeute, les temps d'attente ont explosé», poursuit Camille Ulmann. «Dans certains établissements, les listes d'attentes ont presque doublé et s'élèvent désormais à six mois. Certains thérapeutes ont tout simplement arrêté de prendre de patients sur liste d'attente. La situation, qui était déjà très tendue, s'est sensiblement aggravée».
Face au silence des autorités sanitaires, les trois pétitionnaires ont décidé de réagir. Ce jeudi, ils ont adressé une lettre à Alain Berset. «Dans la transition vers le modèle de prescription, la jeune génération de psychologues-psychothérapeutes a été complètement oubliée, négligée, et se retrouve sacrifiée», peut-on lire dans le texte.
«Pour les psychologues en formation de psychothérapie, il est aujourd’hui incompréhensible que l’OFSP laisse les assureurs dicter leur loi contre l’avis des autorités et ne propose aucune solution», déplorent encore les pétitionnaires.
La missive est accompagnée d'un fichier de quatre pages remplies des témoignages de détresse et de colère de psychologues-psychothérapeutes en formation de toute la Suisse. «J’ai perdu mon travail et mes 50 patients ont perdu leur suivi», «Je m’interroge sur les raisons de ce scandale sanitaire, je suis indigné et pessimiste pour l’avenir de notre système de soins», «J’ai actuellement une cinquantaine de patients sans suivi» en sont des exemples.
«Avec cette lettre, nous voulons rappeler nos demandes aux autorités et essayer de les amener à saisir l'urgence de la situation», commente Camille Ulmann. Et la missive de conclure: