Après deux Noëls dominés par le Covid-19, la grippe fait son apparition cette année. Le système de surveillance Sentinella, qui recense les déclarations de grippe en Suisse, montre depuis trois semaines une courbe ascendante abrupte. C'est ce que confirme Stefan Kuster, directeur de la clinique d'infectiologie de l'hôpital cantonal de Saint-Gall:
Le taux de positivité dans les échantillons analysés au Centre national de référence de l'influenza (CNRI) est nettement plus élevé au cours de la semaine 50 par rapport à la semaine précédente. La grippe a été détectée beaucoup plus fréquemment au CNI que les virus Sars-CoV-2.
La grippe est la plus répandue dans les cantons d'Argovie, des deux Bâle et de Soleure. La tranche d'âge des 5 à 14 ans est la plus touchée, tandis que celle des plus de 65 ans, pour laquelle il existe une recommandation de vaccination contre la grippe, est la moins touchée.
Le système de déclaration obligatoire montre pour la deuxième semaine consécutive un doublement du nombre de cas en l'espace de sept jours. On a signalé 149 consultations médicales pour des maladies pseudo-grippales pour 100 000 habitants. Le nombre actuel de cas a déjà atteint les valeurs maximales des deux dernières saisons de grippe pendant la pandémie. L'infectiologue ne considère toutefois pas encore ce nombre de cas comme exceptionnel.
Comme pour les coronavirus, l'Institut fédéral pour l'aménagement, l'épuration et la protection des eaux (Eawag) mesure depuis peu la charge virale des virus respiratoires syncytiaux (VRS) et des virus grippaux Influenza A et B dans les eaux usées.
Comme la charge virale du Sars-CoV-2, ces valeurs sont publiées chaque semaine par l'Eawag. Les valeurs, en particulier celles de l'influenza A, ont fortement augmenté depuis début décembre dans les six stations d'épuration de Genève, Zurich, Lugano, Laupen, Coire et Altenrhein, alors que la charge virale des VRS est actuellement en baisse.
En principe, tout virus peut être détecté dans les eaux usées, explique Christoph Ort de l'Eawag. Cependant, chaque virus nécessite des capteurs, des instruments et des procédures adaptés pour les mesurer. La mesure des virus dans les eaux usées pourrait donc être étendue en fonction de la situation épidémiologique. Il y a des années, la charge des poliovirus, qui provoquent la poliomyélite, a déjà été mesurée dans les eaux usées.
Il y a un mois, l'Eawag a lancé un nouveau projet de recherche intitulé Wastewater-based Infectious Disease Surveillance, en collaboration avec les EPF de Zurich et de Lausanne. Celui-ci permettra de développer les méthodes et les analyses de surveillance des maladies infectieuses dans les eaux usées que les chercheurs de l'Eawag ont établies pendant la pandémie Covid-19. La recherche sera notamment étendue à d'autres agents pathogènes: les coronavirus humains, la grippe, les norovirus et d'autres entéropathogènes à l'origine de maladies intestinales.