7 décembre 2022, jour de l'élection au Conseil fédéral. «C'est mon compte Twitter. Bienvenue!», publie le propriétaire dudit compte, baptisé @AlbertRoestiCH. Il semble que le conseiller national UDC bernois Albert Rösti, qui vient d'être élu au gouvernement national, ait posté son premier tweet.
A sa création, le compte gagne rapidement de nouveaux followers. Ce que le nouveau ministre de l'Environnement et de l'Energie diffuse sur le réseau social d'Elon Musk semble passionner les foules. Moins d'une semaine plus tard, un tweet du prétendu compte d'Albert Rösti se répand à la vitesse de l'éclair: lundi après-midi, le compte annonce que l'ancien conseiller fédéral Adolf Ogi (80 ans) serait décédé «il y a quelques minutes», d'une crise cardiaque. Rösti et Ogi, tous deux originaires de Kandersteg (BE), sont très bons amis.
C'est une fake news. L'ancien conseiller fédéral Ogi est même en excellente santé. Derrière le tweet de ce prétendu Rösti se cache un diffuseur de désinformation bien connu. Il s'agit de l'Italien Tommaso Debenedetti. L'homme de 53 ans a déjà trompé à plusieurs reprises le public et les médias généralistes avec de fausses annonces de décès.
Il a notamment amené la NZZ à annoncer, en 2020, la mort de l'écrivain Hans Magnus Enzensberger. En réalité, cet auteur allemand est mort il y a un peu plus de deux semaines. Debenedetti a également annoncé la mort présumée de l'écrivain tchèque Milan Kundera.
L'arnaque est toujours la même: Debenedetti se crée d'abord un profil Twitter sous un faux nom. Après quelques jours d'inactivité ou une série de message inoffensifs, il diffuse la mort d'une personnalité.
Debenedetti prend évidemment soin de dénicher un proche du «mort», histoire que l'information puisse être prise immédiatement au sérieux. Dans le cas de Kundera, par exemple, l'homme a diffusé l'avis de décès sous le nom d'un ancien ambassadeur tchèque à Paris, où l'écrivain est établi depuis de nombreuses années. Dans le cas d'Ogi, l'identité d'Albert Rösti était toute trouvée: un ami intime, fraîchement élu au Conseil fédéral.
Interrogée, la Chancellerie fédérale précise: