Suisse
ukraine

Le véhicule militaire suisse Mowag Eagle aperçu en Ukraine

Le Mowag Eagle photographié en Ukraine.
Le Mowag Eagle photographié en Ukraine.image: instagram/@ukrainianlandforce

Un véhicule militaire suisse a été aperçu en Ukraine: voici ce que l'on sait

Une image partagée sur Instagram par les forces armées ukrainiennes montre un véhicule bien particulier sur le champ de bataille: il s'agit d'un Eagle, produit dans le canton de Thurgovie par Mowag. Qui l'utilise? Et comment s'est-il retrouvé là?
23.03.2023, 11:5623.03.2023, 12:24
Carl-Philipp Frank
Carl-Philipp Frank
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Sur un post Instagram du compte officiel des troupes terrestres ukrainiennes, on peut voir un véhicule de reconnaissance de la société (anciennement suisse) GDELS-MOWAG. La légende: «Avdiivka et Kramatorsk, 18 mars 2023». L'armée suisse utilise ce véhicule fabriqué en Thurgovie. Alors, comment est-il arrivé en Ukraine?

👉 Suivez l'évolution en direct de la guerre en Ukraine 👈

Un Eagle, c'est quoi?

L'Eagle est un véhicule blindé de reconnaissance et de transport de personnes. Il en existe aujourd'hui six versions (I, II, III, IV 4x4, IV 6x6, V 4x4). En 1993, l'armée suisse a acheté 145 Eagle I, suivis quatre ans plus tard par 175 Eagle II. En 2000, 120 Eagle III ont été commandés, non pas pour la reconnaissance, mais pour les commandants de tir de l'artillerie.

L'armée suisse possède cinq exemplaires de l'Eagle IV en équipement spécial. Ils sont utilisés dans le cadre de la mission de paix de la KFOR au Kosovo. En 2019, l'armée a commandé 100 pièces du dernier modèle (l'Eagle V), sur lequel est installé le nouveau système de reconnaissance TASYS. Sa mise en service est prévue pour fin 2025 au plus tard.

A Mowag Eagle reconnaissance vehicle of the Swiss Armed Forces, pictured in Hinwil in the Canton of Zurich, Switzerland, on July 17, 2014. (KEYSTONE/GAETAN BALLY)

Ein Mowag Eagle Aufklaerungsfahrzeug ...
Un Eagle I ou II de l'armée suisse.image: KEYSTONE

Dans l'armée suisse, les Eagles sont majoritairement utilisés par la reconnaissance mécanisée. Grâce au périscope et à la caméra thermique, l'équipage peut observer à grande distance. Ces véhicules sont armés de lance-brouillard et d'une mitrailleuse de 7,6 mm. Dans la version dédiée au commandant de tir, la mitrailleuse est absente, mais un meilleur appareil d'observation est installé.

Qui produit l'Eagle?

Ces véhicules ont été fabriqués par la société suisse Mowag, à Kreuzlingen (TG). En 1999, Mowag a été vendue à General Motors Canada et, depuis 2003, elle fait partie de la branche européenne de la société américaine General Defense, appelée GDELS (General Dynamic European Land Systems). Depuis, Mowag s'appelle GDELS-MOWAG. Aujourd'hui encore, des Eagles sortent des chaînes de production de Kreuzlingen, mais pas seulement.

Les modèles dernier cri sont en partie produits directement dans le pays acheteur. Les Eagle IV de l'armée allemande sont par exemple fabriqués dans l'usine de GDELS-Germany à Kaiserslautern.

Quel modèle a été immortalisé en Ukraine?

Impossible de déterminer clairement quel est le modèle qu'on voit sur la photo, mais il semble s'agir d'un Eagle de type I, II ou III. Ces modèles se ressemblent tous en apparence. Les différences se situent par exemple au niveau du soubassement, de la protection contre les menaces NBC (nucléaire, biologique, chimique) ou du verre utilisé. Les nouveaux modèles (IV ou V) sont nettement plus grands et ne sont pas basés sur le châssis de l'Humvee américain, mais sur celui du Duro suisse.

Un Eagle V de l'armée allemande. On remarque que l'arrière n'est plus biseauté et que le pare-brise est traversant.
Un Eagle V de l'armée allemande. On remarque que l'arrière n'est plus biseauté et que le pare-brise est traversant.image: wikicommons/© Boevaya mashina

Sur la photo, il semble que la tourelle ait été retirée. Le véhicule pourrait donc ne pas être armé.

Qui a envoyé cet Eagle en Ukraine?

A nouveau, impossible d'affirmer qui est à l'origine de l'envoi, car on ne sait pas exactement de quel modèle il s'agit. Mais le choix est limité. Seule l'armée danoise a acheté l'Eagle I en plus de la Suisse. Par contre, les modèles II et III ne sont utilisés que par la Suisse.

Le véhicule sur la photo est-il un modèle danois? Le ministère danois de la Défense n'a pas encore réagi aux sollicitations de watson.

Un coup d'œil aux vitres confirme l'hypothèse d'un Eagle danois. Sur l'image prise en Ukraine, la vitre de la porte arrière est plus petite que celle de la porte avant - par analogie avec certaines réalisations des Danois.

L'Eagle I danois, dans le cadre de la force de paix IFOR (Implementation Force) de l'Otan. Ce modèle a été déployé en Bosnie de 1995 à 1996. L'emblème danois figure à l'avant et les fenêtres arrière s ...
L'Eagle I danois, dans le cadre de la force de paix IFOR (Implementation Force) de l'Otan. Ce modèle a été déployé en Bosnie de 1995 à 1996. L'emblème danois figure à l'avant et les fenêtres arrière sont plus petites.image: pansermuseet.dk

Le Danemark a-t-il enfreint la loi suisse?

S'il s'agit effectivement d'un Eagle du Danemark, cela ne signifie pas forcément qu'il y a eu violation de la loi sur le matériel de guerre. Tout dépend de ce qui a été convenu par contrat au moment de l'achat, explique Fabian Maienfisch, chef suppléant de la communication au Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).

Dans certains cas, l'exportation de véhicules de combat est autorisée. Par exemple pour les véhicules de musée qui sont «démilitarisés». Fabian Maienfisch ne peut pas dire s'il s'agit d'un tel cas particulier, mais affirme que le «SECO prend cette nouvelle très au sérieux». Et d'ajouter:

«Nous allons procéder le plus rapidement possible à toutes les clarifications nécessaires et à une expertise de la situation. Nous ne pouvons pas nous prononcer davantage pour l'instant»

Que dit le fabricant?

L'entreprise GDELS souligne qu'elle observe et respecte toutes les directives légales d'exportation de ses pays d'origine et de ses clients. Marc-Aurel Bischoff, Senior Director Corporate Communications, a confié à watson: «Nous ne disposons pas d'informations sûres sur les faits que vous invoquez. Nous vous prions de comprendre que nous ne participons en principe pas aux spéculations.»

Le Leopard 2 livré à l'Ukraine peut aussi servir des bières
Video: watson
4 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
4
Les étranges méthodes d'avocats genevois au service de la Confédération
Une étude d'avocats genevoise a mené une enquête administrative sur mandat de la Confédération. Elle a parfois utilisé des méthodes surprenantes.

Le verdict de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral était clair: non, le Ministère public de la Confédération n'avait pas le droit d'autoriser l'étude d'avocats genevoise Oberson Abels à consulter les dossiers d'une enquête pénale. La décision est tombée en décembre dernier. L'étude ne constitue en effet pas une «autorité», comme l'exige le code de procédure pénale, et aucun intérêt suffisant n'avait été démontré pour l'accès à des dossiers par des tiers.

L’article