En avril dernier, la Suisse frisait le conflit diplomatique avec l'Allemagne en lui interdisant de livrer à l'Ukraine des munitions achetées en Suisse. Ceci en vertu de sa législation, qui interdit aux Etats acheteurs de transmettre du matériel de guerre provenant de notre pays à des tiers.
Selon le Tages-Anzeiger mercredi, la Suisse pourrait bien faire volte-face, en autorisant l'Allemagne à envoyer les fameuses munitions. Une manœuvre diplomatique: Kiev n'utiliserait pas ces armes pour défendre son territoire, mais pour assurer l'exportation de céréales depuis l'Ukraine, grâce au char de défense antiaérienne Gepard.
L'information a été confirmée mercredi par le porte-parole du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), Lorenz Frischknecht, auprès de CH Media: «L'Allemagne a adressé une demande au Département de la défense». Toutefois, le porte-parole ne souhaite pas s'étendre davantage sur le sujet: «Le courrier n'est pas public. Nous ne nous prononçons donc pas sur les détails», justifie-t-il.
Le Tages-Anzeiger fait également mention d'une lettre datée du 14 octobre, que CH Media s'est procurée, provenant du ministère ukrainien de la Défense et qui circule dans les milieux diplomatiques. Le document fait référence aux frappes aériennes russes des 10 et 11 octobre, dirigées contre des infrastructures clés ukrainiennes.
Selon la lettre, l'infrastructure de transport et d'énergie ukrainienne ne sert pas seulement à approvisionner sa propre population - elle permet aussi l'exportation de céréales pour le marché mondial. Par exemple, elle s'avère indispensable pour les programmes humanitaires de l'ONU et des gouvernements des pays africains et asiatiques, afin de lutter contre la crise alimentaire mondiale.
Toujours selon ce document, l'Allemagne a livré les chars antiaériens dans le but de protéger les ports ukrainiens de la mer Noire: une «mission humanitaire».