Il semblait qu'un éventuel coup diplomatique - à savoir des pourparlers de paix à Genève - était à l'origine de cette décision particulière. Mais aujourd'hui, le vent tourne, comme le montrent les recherches de watson.
Le Conseil fédéral a sous-estimé ce que son hésitation sur les sanctions contre la Russie de Poutine allait déclencher. Un nombre élevé de lettres de citoyens sont arrivées au Palais fédéral, explique-t-on dans l'entourage proche de nos sept sages. La plupart des gens se seraient indignés que le Conseil fédéral n'ait pas pris immédiatement des sanctions plus sévères.
Sur les réseaux sociaux aussi, le ton est sans équivoque, et pas seulement à gauche. Un politicien du centre a par exemple écrit sur Twitter qu'il avait honte:
Es Zeit zu handeln! Das erste Mal in meinen 43 Lebensjahren schäme ich mich für die offizielle Schweiz! #StandWithUkraine🇺🇦 Wie kann man so kaltherzig und ignorant sein? @ignaziocassis https://t.co/4bxaaePqMb
— Pascal Ryf (@pascal_ryf) February 25, 2022
Le conseiller national socialiste de Bâle-Campagne Eric Nussbaumer a réagi au tweet et a répondu: «Je suis déjà un peu âgé, mais je ressens la même chose». Les socialistes ont lancé un appel en faveur de l'Ukraine, que 121 000 personnes avaient déjà signé dimanche après-midi. Le titre: «Décider maintenant des sanctions contre le régime de Poutine.»
Des critiques sont également venues de l'étranger et c'est au plus tard lorsque la secrétaire d'État adjointe américaine Wendy Sherman a téléphoné à Berne vendredi pour s'entretenir avec la secrétaire d'État Livia Leu que le Conseil fédéral s'est rendu compte qu'il ne suffisait pas d'adopter des «mesures visant à éviter le contournement des sanctions internationales», mais qu'il devait aller aussi loin que l'UE.
Wendy Sherman a écrit sur Twitter après cet entretien téléphonique: «Nous nous sommes assurés de demander des comptes à la Russie pour son mépris du droit international et sa violation de la souveraineté et de l'unité territoriale ukrainiennes».
Ce lundi, le Conseil fédéral se réunira en séance extraordinaire à 11h30. Le seul membre du Conseil fédéral à s'être exprimé sur le sujet ce week-end a été la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter (PLR), qui a déclaré en marge de la réunion des ministres européens de la Justice à Bruxelles:
«L'administration fédérale est en train de préparer ces heures-ci des solutions adéquates», a déclaré Mme Keller-Sutter. Le Conseil fédéral prendra une décision ce lundi. Personnellement, elle est favorable à un durcissement, mais ne peut pas anticiper les discussions.
Le département de l'économie de Guy Parmelin (UDC), plus précisément le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), est compétent pour toutes les sanctions.
Le fait que Guy Parmelin n'ait pas proposé de sanctions concrètes dès le début de la guerre a suscité des critiques lors d'une séance de la commission des institutions politiques du Conseil national vendredi. Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis (PLR) et lui n'auraient pas reconnu la dimension de politique mondiale - et pas davantage le risque que la Suisse, en s'écartant de cette position, ne nuise à sa réputation.
Mercredi, alors que la crise ukrainienne s'était aggravée, le Conseil fédéral en a certes parlé, mais il n'y a eu apparemment pas de vraie base de discussion, pas de proposition contraignante, juste une soi-disant note d'information. Le gouvernement national semblait largement peu préparé à l'escalade en Ukraine.
Le Parlement a alors fait des pieds et des mains au Conseil fédéral. La Commission des institutions politiques (CIP) a adopté vendredi une déclaration demandant au Conseil fédéral d'assumer pleinement les sanctions de l'UE et de soutenir la population ukrainienne.
Ce lundi, selon des sources proches du Conseil fédéral, le gouvernement du pays devrait décider de mesures contre le président russe Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov - et reprendre presque à l'identique les sanctions de l'UE.
Selon les informations de CH-Media, cela vaut également pour l'exclusion de la Russie du système bancaire Swift. Le département des finances d'Ueli Maurer ou plus précisément le Secrétariat d'Etat aux questions financières internationales est compétent en la matière. Après que l'Allemagne, qui a longtemps hésité, a approuvé l'exclusion des établissements financiers russes du réseau de communication bancaire, il semble clair que la Suisse suit le mouvement. Ne serait-ce que sur le plan technique, il ne serait guère possible qu'elle prenne ici une voie particulière.
Le Conseil fédéral doit toutefois décider formellement de franchir le pas.
Il apparaît donc que la Suisse s'aligne sur l'UE en matière de sanctions. La raison la plus évidente pour justifier une action plus douce s'est effondrée dimanche. Samedi, les portails d'information de Tamedia ont encore titré: «La Suisse veut organiser une conférence de paix à Genève».
La logique aurait voulu que la non-reprise totale des sanctions de l'UE aide à ces efforts diplomatiques pour faire venir les Russes - concrètement le ministre des Affaires étrangères Lavrov - à Genève mardi. Cela n'ira pas jusque-là. Dimanche, on a appris que l'Ukraine était prête à négocier avec la Russie - pas à Genève, mais à la frontière avec le Bélarus. (bzbasel.ch)