Mercredi, le Conseil fédéral a enterré définitivement l'accord-cadre avec l'Union européenne. Parmi les domaines qui risquent d'être impactés par cette décision, il y a la mobilité académique. Mais concrètement, ça change quoi pour les étudiants suisses qui souhaitent aller à l'étranger?
«C'est une décision préoccupante», réagit Hugo Clémence, président de la Fédération des étudiants neuchâtelois (FEN). «Participer à des programmes d'étude à l'étranger est déjà compliqué, et on a peur que cela devienne encore plus difficile».
Il faut savoir que la Suisse ne fait plus partie du programme européen Erasmus. Elle en a été exclue en 2014, suite à l'acceptation de l'initiative «contre l'immigration de masse». A la place, elle a mis sur pied une série de mesures bilatérales avec l'UE, connues sous le nom de Swiss-European Mobility Programme (SEMP).
«Cette "solution suisse" est beaucoup moins simple que l'Erasmus», détaille Hugo Clémence. «A cause des obstacles administratifs qu'elle génère, beaucoup d'étudiants renoncent déjà à partir».
Problème: Ces mesures – qui continuent de s'appliquer dans l'immédiat – arrivent à échéance cette année, rappelle Hugo Clémence. «Elles auraient bientôt dû être renouvelées. La décision du Conseil fédéral laisse beaucoup de questions ouvertes. Vont-elles être renégociées? Si oui, comment? De nouveaux accords vont être mis en place?»
Cela est d'autant plus urgent si l'on considère que deux étudiants suisses sur trois choisissent un pays de l'UE pour leur séjour à l'étranger, rapporte le président de la FEN. «C'est un gros dossier, mais on a l'impression que ces questions sont reléguées au deuxième plan, et cela n'est pas suffisant pour nous donner confiance», estime-t-il.
Si la mort de l'accord-cadre jette un voile d'incertitude sur l'avenir du programme suisse, une chose est sûre: la Suisse et l'Erasmus, c'est fini. C'est ce qu'estime Elischa Link, coprésident de l'Union des étudiants de Suisse.
«La décision du Conseil fédéral diminue drastiquement la possibilité d'être réintégré dans l'Erasmus», résume-t-il. «Cela ne sera plus possible, au moins dans les prochaines années».
Une première mauvaise nouvelle pour les étudiants car, même si il devait être maintenu, le programme suisse actuel offre beaucoup moins de possibilités par rapport à son équivalent européen, estime Elischa Link. Et d'ajouter: «Nous sommes pessimistes quant à la possibilité de trouver des solutions, et c'est très dommage».