L'Université de Lausanne (Unil) a publié ce mercredi 7 décembre un rapport d'une quarantaine de pages – en collaboration avec le centre de compétences suisse en sciences sociales (FORS) – qui expose, entre autres, les violences sexuelles et le harcèlement subi par les étudiants et le personnel de l'institution sur les cinq dernières années. Il fait également état des discriminations envers les personnes non-cisgenres, non-hétérosexuelles, racisées ou vivant avec un handicap. Mais ce qui interpelle, c'est que 4 viols ont été dénoncés.
Si l'université savait qu'elle n'échappait pas à ce type de comportements, au sexisme et au harcèlement – elle compte 17 000 étudiants et 5000 employés – elle ne s'attendait toutefois pas à de telles déclarations.
Des cas d'attouchements sexuels «de nature non-désirée» ont également été rapportés dans l'étude.
Pour rappel, en 2021, Liliane Michalik, Vice-rectrice Egalité, diversité et carrières, entre en fonction au sein de la direction, et Frederic Herman devient recteur de l'université. «Nous avons immédiatement commencé à travailler sur ces questions, car nous souhaitions garantir un environnement de travail et d'études sains à nos collaborateurs, employés et étudiants», explique Liliane Michalik.
Des actions ont donc rapidement été menées à l'interne, dont la commande de cette étude. Le but était de mesurer l'impact du climat général au sein de l'université, sur le stress et la santé psychologique des personnes. Plus de 3500 participants ont répondu de manière anonyme. Au total, 17% de femmes déclarent avoir subi du harcèlement sexuel. Celui-ci a eu lieu entre étudiants, entre étudiants et professeurs ou entre employés. Une femme sur 4 aurait vécu au moins une situation de violence psychologique.
Les faits sont désormais connus, mais l'anonymat des réponses ne permet pas d'identifier les victimes et les auteurs, à moins qu'ils ne se manifestent publiquement.
Mais comment se fait-il qu'il ait fallu attendre 2022 pour dénoncer de tels abus? Selon Liliane Michalik, la hiérarchie au sein des hautes écoles – entre étudiants, doctorants et professeurs – est une des explications. «Dans des institutions comme la nôtre, il y a des rapports de pouvoir, argumente-t-elle. Les personnes sont en effet souvent dépendantes d'un supérieur. L'université souhaite désormais casser cet isolement, par exemple en favorisant deux référents au lieu d'un seul lors d'un doctorat, ou en ajoutant un mentor vers qui se tourner, en plus d'un supérieur.»
Elle poursuit: «L'étude s'inscrit dans un contexte plus large de mesures visant à un changement de culture, qui a débuté avant même de recevoir les résultats de l'enquête.» Par exemple, le renforcement de la structure d'accueil et d'écoute existante, à disposition de la communauté universitaire pour gérer, lutter et sanctionner tous les comportements inadaptés.
Un recrutement de personnel est également en cours: des experts viendront renforcer cette structure, un délégué responsable du climat de travail sera engagé, et un juriste s'occupera d'écouter les victimes pour les aider à qualifier les faits et les accompagner dans la direction à prendre.
«Au printemps 2023, nous avons prévu une campagne pour visibiliser tous les changements apportés et exposer aux étudiants et au personnel les ressources qu'ils ont désormais à disposition», précise Liliane Michalik. En automne 2023, l'Unil lancera une seconde campagne, pour sensibiliser cette fois-ci aux discriminations en tout genre.
Mais surtout, l'enquête menée cette fin d'année 2022 sera réitérée en 2024. Il s'agit désormais d'un outil qui permet un suivi et une amélioration constante.