Dans une lettre datée du 12 juin que s’est procurée watson, le recteur de l’Université de Lausanne (Unil), Frédéric Herman, indique au président et au recteur de l’Université hébraïque de Jérusalem (HUJI), Asher Cohen et Tamir Sheafer, les raisons pour lesquelles l’Unil met fin à son partenariat avec cette institution israélienne.
Le même jour, imitant la décision de l’Université de Genève prise une semaine plus tôt à l’endroit de l’HUJI, Frédéric Herman annonçait dans une interview à 24 Heures la suppression de cette collaboration, alors qu’Israël est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par la justice internationale dans sa guerre menée à Gaza.
On apprend, dans cette lettre, que Frédéric Herman a joint ses homologues de l’HUJI le 24 janvier puis le 20 avril pour leur signifier à deux reprises la chose suivante:
Disant se fonder sur des «données contextuelles» que sont les «mesures de précaution (édictées par la Cour internationale de justice) à l'encontre de l'Etat d'Israël» et les «mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre de dirigeants de cet Etat, dont le HUJI est une institution publique», Frédéric Herman écrit que «le rectorat de l'Unil a mandaté son Comité d'éthique de la recherche pour entreprendre une évaluation approfondie, afin de s'assurer que les accords institutionnels entre l'Unil et le HUJI sont compatibles avec les principes éthiques fondamentaux tels que définis dans le rapport».
Résultat:
Sur ce, Frédéric Herman affirme:
Dans un «préavis éthique» rédigé par ailleurs par le Comité d'éthique de la recherche de l'Unil, il est reproché à l’Université hébraïque de Jérusalem d’invoquer les procédures juridiques internationales en cours pour ne pas avoir à se positionner sur les accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Dans ce même préavis, le Comité d'éthique de la recherche de l'Unil reproche à l’HUJI d’entretenir «des liens pouvant être qualifiés de forts avec l’armée israélienne, à travers trois programmes de formation de cadres et de spécialistes militaires, dont les dirigeants de l’université sont généralement fiers de souligner l’importance, pour l’université et pour le pays: les programmes appelés "Talpiot", "Tzameret" et "Havatzalot". Ce dernier implique la présence d’une sorte de caserne au sein du campus, protégé par des infrastructures de sécurité militaire, dans laquelle des soldat-e-s vivent, dorment et suivent leurs activités de formation.»
Rappelons qu’Israël est un pays disposant d’une armée de milice et qu’il se considère en quasi-état de guerre permanent depuis sa fondation en 1948, rejetée à l’époque par les pays arabes.
Frédéric Herman en vient à la décision prise:
Cette résiliation, est-il précisé, sera effective au «31 janvier 2026» pour répondre aux obligations contractuelles, soit six mois après la dénonciation du partenariat par l’une des parties. Dans son interview à 24 Heures, le recteur de l’Unil précise, à propos ce programme d’échange, que «quelques-uns de ses étudiants (de l’HUJI) sont venus à l’Unil en 2024, aucun en 2025. Et aucun étudiant de l’Unil n’y est jamais allé».
Frédéric Herman ajoute que «l'analyse n'a pas révélé de contradictions éthiques à la poursuite des collaborations scientifiques actuelles entre les chercheurs de nos deux institutions. Au vu des questions éthiques complexes générées par le contexte actuel, l'Unil encouragera néanmoins ses chercheurs impliqués dans de telles collaborations à consulter son Comité d'éthique de la recherche afin de bénéficier d'un soutien éthique et d'une sensibilité aux conflits. L'objectif est d'assurer la possibilité de maintenir ces collaborations avec diligence et dans le respect de la liberté académique.»
Le recteur de l’Unil termine sa missive en ces termes:
Frédéric Herman se tient à la «disposition» de ses homologues de l’HUJI «pour un échange direct par vidéoconférence, [s’ils souhaitent] obtenir des informations supplémentaires concernant le contenu de cette lettre».