La chicha, c’est cool et convivial, ça incite au partage. Sa fumée froide au goût fruité est agréable et rassurante… Mais les apparences sont trompeuses. L’élégante pipe à eau utilisée pour fumer du tabac est loin d’être inoffensive. On estime que tirer dessus pendant une heure est similaire à fumer deux paquets de clopes. Cela peut rendre addict à la nicotine et, donc, à la cigarette. Sans compter qu’en temps de pandémie, le long tuyau qui tourne entre les consommateurs peut aussi être transmetteur d’infections comme le coronavirus.
Des constats alarmants, surtout quand une étude française estime que près de la moitié des adolescents de 16 ans ont déjà testé la chicha (ou narguilé) et qu’un jeune sur trois de 17 ans en fume régulièrement. «C’est devenu un véritable phénomène de société», s’inquiète Nathalie Jaccard, élue verte au Grand Conseil vaudois.
Dans une question adressée au Conseil d’Etat, elle cite aussi le Swiss Medical Forum, qui dit que «le charbon ardent dégage des substances nocives telles que le plomb, cuivre, chrome, arsenic, et béryllium ainsi qu'une grande quantité de monoxyde de carbone».
Interpellé, le gouvernement cantonal le reconnait: la chicha est de plus en plus populaire chez les jeunes qui en banalisent l’utilisation. Mais il tente de rassurer: «La nocivité et les risques de la chicha sont systématiquement abordés (réd: dans les programmes de prévention à l’école), tout comme l’ensemble des produits du tabac et des produits associés». Il précise toutefois que les contrôles de l’interdiction de la vente aux consommateurs de moins de 18 ans sont de la compétence communale.
Selon les autorités, il n'y a donc pas de quoi tout chambouler; la sensibilisation contre les conduites addictives étant bien ancrée dans les programmes scolaires.
Malgré ce discours rassurant, le Conseil d’Etat entend tout de même réagir. Dès la pandémie terminée, il intégrera la chicha dans le prochain programme cantonal de lutte contre le tabagisme.