Le centre de recherche Agroscope de Pully (VD), est formel: «Depuis 1985, en relation avec une augmentation générale de la température, notamment durant les mois de printemps et d’été, le début de la maturation du raisin et la date des vendanges tendent à devenir de plus en plus précoces», établit le rapport. Cette année, ce moment bat un record historique: le Chasselas a été mûr le 20 juillet.
«Cela représente une avance de plus de trois semaines par rapport à la date moyenne pour ce stade, fixée au 13 août pour la moyenne 1925-2022», indique le communiqué. Ce record bat de deux jours le précédent, enregistré en 2011. A noter que «les observations conduites depuis 1925 montrent un certain caractère cyclique qui se superpose à la tendance nette liée au réchauffement climatique marqué des dernières décennies»:
Le raisin étant l'un des fruits les plus sensibles à l'évolution du climat, cette situation peut être considérée comme un indicateur très représentatif du changement climatique.
Vient maintenant ce qui nous intéresse davantage: les conséquences de cette histoire pour le goût du vin. Au bout du fil, Jean-Laurent Spring, chef du groupe Viticulture à l'Agroscope, explique que dans nos «régions septentrionales, jusqu’à présent, les années précoces étaient les bienvenues et associées à la garantie d’avoir une maturité complète du raisin, gage de vins de qualité».
Mais ce n'est pas si simple: la précocité de maturation du raisin est seulement l'un des nombreux paramètres qui peuvent influencer la composition des moûts et la qualité du vin.
Tout cela, «en fonction de la région, des sols et de leur capacité de rétention en eau ainsi que des possibilités ou non d’irriguer.» Rien n'est donc assuré quant à la qualité du vin de cette année. A moins d’un renversement total de la météo de ces derniers mois, nuance le spécialiste. «Ce qui ne semble guère être le cas, du moins pour les semaines à venir.»