Seul objet qui aurait pu faire durer le suspense, la loi sur le climat a finalement été acceptée dans les urnes à 59,1%. Une victoire plutôt nette pour les partisans et qui devrait se muer en actions concrètes ces prochaines années, au Parlement comme dans la société civile, pour réduire les émissions de CO2 jusqu'en 2050.
Un certain Röstigraben se dessine: tous les cantons romands l'ont acceptée, alors qu'en Suisse alémanique, sept d'entre eux l'ont refusée. Une différence d'autant plus visible quand on regarde la carte des districts. Aucun district roman n'a voté contre, alors que de nombreuses zones n'ont pas accepté le projet, outre-Sarine.
La différence est particulièrement visible dans le Valais, entre le bas et le haut du canton. Mais aussi entre le Chablais vaudois et le canton de Berne voisin, ou entre le Jura et Soleure.
Le conseiller national UDC vaudois, Michaël Buffat, se dit évidemment déçu par le vote. Il tend, toutefois, à relativiser: «Près de 41% de la population a refusé ce projet, soit un pourcentage plus élevé que l'électorat de l'UDC. Cela montre que nos arguments ont porté leurs fruits au-delà des nos électeurs.» L'Agrarien a, toutefois, pris acte du résultat:
Comme solution, il entrevoit principalement la pose de panneaux solaires. Et dénonce au passage d'avoir mis le nucléaire — énergie décarbonée — de côté depuis quelques années. «On s'est précipité en désirant mettre fin au nucléaire». Quid de l'énergie éolienne?
Pour le Vaudois, «les gens n'ont pas réalisé ce que ce projet voulait dire concrètement». Il pointe ainsi du doigt de possibles augmentations du prix de l'électricité:
Les Romands seraient-ils moins sensibles au pouvoir d'achat des ménages que les Alémaniques? «Non, ils sont tout aussi sensibles aux prix de l'électricité que les Alémaniques, mais le message est moins bien passé par chez nous», estime Michaël Buffat. Il estime que la campagne est allée plus en profondeur en Suisse alémanique:
«La seule grande couverture a été le débat sur Infrarouge, de la RTS, où Albert Rösti était présent et défendu la loi en tant que conseiller fédéral, ce qui a pu perturber certains de nos votants», estime le conseiller national.
Assez logiquement, le son de cloche est différent du côté du Vert valaisan Christophe Clivaz, partisan de la loi: «J'éprouve un fort sentiment de satisfaction, car on avait peur que le scénario de juin 2021 (réd: le refus de la loi CO2) ne se renouvelle».
Le Valaisan évoque notamment le problème du chauffage: «Le remplacement des systèmes au mazout et à gaz doit avoir lieu, par exemple par des pompes à chaleur ou du chauffage à distance. Cela va aussi améliorer la sécurité énergétique.»
Quant au Röstigraben, le député né à Sierre est bien placé pour le savoir: ce district a voté pour la loi à 58% alors que le district alémanique voisin de Loèche a voté contre à 56%. Le Vert l'analyse ainsi:
«Il y a une certaine méfiance dans l'engagement des moyens publics», continue le Valaisan. «Certains pensent que c'est plutôt le rôle des entreprises et du secteur privé de s'occuper de la réduction du CO2.»
Pour l'écologiste, il est désormais temps de moderniser la Suisse: «La production d’énergie renouvelable va pouvoir être boostée, notamment avec le solaire. L'année dernière, la Suisse a posé des panneaux qui produisent pour l'équivalent de presque 1TWh, sur les 60 TWh totaux de consommation annuelle. Et cette année, la pose est encore plus grande». La situation est également la même dans son canton:
Ce développement doit, toutefois, avoir lieu d'abord en plaine avant d'inonder les Alpes de parcs solaires, estime le Valaisan: «Avec les Verts valaisans, nous avons lancé un référendum contre le décret cantonal destiné à simplifier les procédures liées aux grandes installations photovoltaïques.»
De plus, les aspects tant économique que pratique ne sont pas à négliger: «Aujourd'hui, l'offre ne suit pas la demande. Si on développe ces grands parcs solaires, les panneaux et les forces de travail vont partir en haute montagne plutôt que sur le toit des particuliers et des PME, où il est plus simple de les installer.»