Chaque année au mois de janvier, les puissants de la planète se réunissent à Davos. Une rencontre qui brasse beaucoup de capitaux et cela se ressent: il n'est pas rare d'apercevoir des jets privés ou des hélicoptères.
Les participants au WEF, qui disposent donc de moyens financiers importants, doivent bien se loger quelque part. Il y a les hôtels, mais les appartements et les chalets sont particulièrement appréciés. Sur la plateforme Airbnb, des appartements avec un couchage sont proposés pour 1500 francs la nuit durant le forum. Mais les propriétaires peuvent gagner bien plus de 6000 francs s'ils louent leurs quatre murs pour toute la semaine de la manifestation.
Plus l'appartement est grand, plus le prix est élevé (logique). Pour deux lits, il faut compter entre 4000 et 7000 francs la nuit. Ces sommes exorbitantes ont des répercussions: la population de Davos en fait souvent les frais.
«Certaines entreprises louent des appartements ou parfois des maisons entières à Davos et les laissent vides la plupart de l'année. Pendant la semaine du WEF, elles gagnent plus d'argent avec la location qu'elles n'auraient pu en gagner pendant toute l'année avec des prix réguliers», nous explique un entrepreneur dans l'immobilier qui loue lui-même des chalets pendant cette période pour un montant pouvant atteindre 280 000 francs la semaine.
Il n'est pas le seul à pratiquer ces prix. «Pour un beau chalet pendant le WEF, certains confrères demandent facilement entre 400 000 et 500 000 francs – pour une semaine», dit-il.
Le président du PS de Davos, Joshua Verhoeven, regrette cette pratique. «Il s'agit d'appartements, parfois d'immeubles entiers, dont la plupart n'ont pas de lumière allumée pendant l'année et dont les stores restent baissés. C'est pendant le WEF, que les propriétaires gagnent de l'argent sur leur bien», explique-t-il à watson.
Des logements qui restent inaccessibles à la population de Davos. «Nous ressentons depuis des années un léger exode à Davos, surtout chez les jeunes. Il est très difficile ou très cher de trouver un logement», explique Joshua Verhoeven. Le WEF n'est pas le seul responsable de cette situation, mais le taux élevé de résidences secondaires en général. Il se monte à environ 60% dans la région.
La difficulté de trouver un logement est soulignée par le plan directeur communal. Celui-ci stipule qu'en 2022, la médiane des logements locatifs s'élevait à 260 francs par mètre carré par an – ce qui est nettement plus élevé que la moyenne suisse de 189 francs. Mais selon le président du PS, même les Davosiens et Davosiennes qui ont trouvé un logement abordable souffrent du WEF.
Watson a demandé à dix régies immobilières et bureaux fiduciaires de Davos s'ils étaient au fait de cette pratique et s'il leur arrivait de l'appliquer eux-mêmes avec leurs locataires. Trois ont répondu par écrit qu'ils n'établissaient pas de tels contrats de location. Deux ont répondu qu'ils ne souhaitaient pas être cités, mais qu'ils connaissaient la pratique de leurs concurrents.
«Il y a quelques appartements qui ont cette clause dans leur contrat de location», confirme un entrepreneur. Le directeur d'une autre gérance le confirme: «Nous nous occupons nous-mêmes d'un propriétaire qui laisse volontairement son locataire décider s'il veut louer son appartement plus cher pendant le WEF et le quitter pendant cette période. Les recettes sont ensuite partagées entre le locataire et le propriétaire». Mais personne ne veut donner de noms.