Parfois, certaines choses qui doivent sortir, doivent sortir. Et quand elles doivent sortir, il faut des toilettes. La règle s'applique lors d'une grande manifestation – et les manifestants anti-Covid n'y échappent pas.
Samedi 19 septembre 2020 à Zurich, le «Mouvement libertaire suisse» organise une manifestation – autorisée – sur la Turbinenplatz.
Thème? «STOP à la vaccination obligatoire».
Orateurs? Marco Rima (un acteur) et Andreas Thiel (un humoriste).
Nombre de participants? Environ 500.
Nombre de cabines-WC? 20.
Deux jours plus tôt, une demande de dernière minute pour dix cabines WC parvient à Toi Toi AG. Des négociations sont menées et un accord est trouvé. «Nous avons convenu d'un prix et les dix toilettes ont été livrées le lendemain», explique Erika Koller, membre de la direction de Toi Toi.
Les toilettes sont installées le lendemain. Et déjà, un autre email tombe: «Ils voulaient dix toilettes supplémentaires. Marco Rima aurait accepté, car ils attendraient jusqu'à 10 000 personnes», raconte Erika Koller.
Malgré la brièveté des délais, Toi Toi parvient à livrer ses cabinets. Le samedi, 20 cabines WC se tiennent fièrement alignées sur place. Le service coûte environ 3000 francs. Mais jusqu'à maintenant, l'entreprise n'a pas vu l'ombre d'un paiement.
«La personne avec laquelle nous étions en contact nous a demandé d'envoyer la facture à quelqu'un d'autre du comité d'organisation», explique Erika Koller. «Comme il s'agissait d'une pratique courante, on ne s'est pas posé de questions et on a adressé la facture à J.G.*».
Les mois passent, le délai de paiement aussi. Toi Toi tente de contacter les deux personnes concernées, sans succès. «Personne ne s'est jamais manifesté», raconte Erika Koller.
Ce n'est que lors du rendez-vous devant le juge de paix que J.G. se montre. Sans masque et sans avoir conscience de sa culpabilité. «Il a dit qu'il n'y était pour rien et que son collègue, qui avait commandé les cabines, devait payer».
La discussion, chez le juge de paix, n'aboutit à rien. Erika Koller refuse de se laisser faire et continue à se battre. Le 12 novembre 2021, l'affaire est portée devant le tribunal de district à Wollerau (SZ). J.G. se présente également. Dispensé d'une obligation du port du masque et en pleine confiance.
«Le juge a ri», relate Erika Koller. En effet, le toubib ayant délivré la dispense était connu pour ce genre de pratique. Jusque-là pas de problème: ne restait plus à J.G. qu'à se défendre contre la facture des toilettes.
J.G. n'apparaissait dans aucun des mails, Toi Toi AG avait livré en toute bonne foi:
Un avis partagé par Erika Koller. Elle a néanmoins abandonné la plainte. «Nous aurions pu poursuivre l'affaire, mais cela n'en vaut pas la peine». Elle reconnaît que son erreur a été de ne pas avoir mis en place un contrat en bonne et due forme.
Elle n'en est pas moins en colère. En 21 ans de métier, elle n'a jamais vécu une telle situation. «Bien sûr, il peut y avoir parfois un défaut de paiement parce que l'organisateur a fait faillite». Mais ce n'est pas le cas ici. On se défausse simplement de la facture. «Comment peut-on mettre sur pied une manifestation et ne pas payer les fournisseurs?»
Le Mouvement libertaire suisse n'a pas pu être joint pour une prise de position. Il n'a pas non plus réagi à une demande écrite avant la clôture de la rédaction.
*Nom connu de la rédaction
(traduit et adapté par mbr)