Il est environ 21h30, ce 2 mars 2024, lorsque Yanis, Franck et Baba achèvent leur burger dans un restaurant du centre-ville de Zurich tout proche de leur hôtel. Ils l'ont bien mérité. Les trois jeunes Neuchâtelois, âgés entre 26 à 31 ans, sortent tout juste d'une compétition de jiu-jitsu brésilien. Leur club s'en est bien sorti. Après quatre combats, Yanis a terminé troisième de sa catégorie, sur cinq.
Leur repas avalé, Franck et Baba sortent prendre l'air, raconteront-ils à Arcinfo. Ils sont interrompus dans leur conversation par une personne qui se précipite dans le restaurant pour appeler à l'aide. Une agression au couteau est en cours, toute proche.
En effet, sur le trottoir d'en face, un adolescent de 15 ans s'est jeté sur le dos de sa victime, un juif orthodoxe d'une cinquantaine d'années. La chemise est maculée de sang. Un automobiliste tente vainement de s'interposer. Franck et Baba se ruent à l'intérieur pour prévenir leur camarade. Alerté, Yanis n'hésite pas une seconde.
Le Neuchâtelois de 29 ans s'est livré à RTN. Après s'être assuré que l'agresseur a bien lâché son couteau, Yanis s'empare de son bras et le met à terre avec un balayage, une technique qu'il maîtrise sur le bout des doigts. Sa pratique du jiu-jitsu lui donne la confiance nécessaire. Déséquilibré, l'adversaire se retrouve à terre.
Franck complète la manœuvre, en maintenant le bras de l'adolescent pour l'empêcher d'aller chercher un autre arme dans sa poche. Les trois hommes intiment à l'agresseur de se tenir tranquille jusqu'à l'arrivée de la police. Il ne bronchera plus. En attendant l’ambulance, Yanis, Franck et Baba veillent sur la victime, grièvement blessée, et s'assurent qu'elle ne perde pas connaissance. Aujourd'hui sorti des soins intensifs, l'homme va mieux. Ses jours ne sont plus en danger.
Après l’arrestation de l'adolescent par la police zurichoise, les trois sportifs sont escortés au poste pour une déposition et des remerciements pour leur intervention courageuse. Ils n'en sortiront que vers 2 heures du matin, avant de pouvoir rentrer à Neuchâtel deux heures plus tard. Malgré cette nuit très remuée, ils restent sereins. Yanis affirme de ne pas avoir été choqué. «Tout se passe bien pour moi, heureusement», confirme-t-il à la radio neuchâteloise.
Désormais, les trois héros préfèrent se faire discrets sur leur identité. «Je le répète, je ne suis pas un héros. Je suis simplement un citoyen qui est venu en aide à son prochain», insiste Yanis avec modestie aux médias locaux. Un citoyen, certes, mais dont la bravoure a probablement permis d'éviter le pire. (mbr)