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Attentat antisémite à Zurich: pourquoi ce silence en Romandie?

Kundgebung auf dem Helvetiaplatz nach einer Mahnwache in Zuerich am Sonntag, 3. Maerz 2024. Die Menschen trugen gelbe Regenschirme als Symbol gegen Antisemitismus. Am Samstagabend hatte ein Jugendlich ...
Rassemblement contre l'antisémitisme. Zurich, 3 mars 2024. Image: KEYSTONE
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Attentat antisémite: pourquoi ce silence en Romandie?

Ce mardi, les unes de nos quotidiens romands ont ignoré l'attentat antisémite de Zurich commis par un adolescent se revendiquant de l'Etat islamique. Pourquoi?
05.03.2024, 20:4506.03.2024, 08:34
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Une information sans précédent en Suisse tombait lundi dans l’après-midi. On apprenait que l’auteur de l’attaque au couteau contre un juif samedi soir à Zurich revendiquait son acte au nom de l’Etat islamique et qu’il avait agi par haine des juifs, autrement dit par antisémitisme. Dans quel univers parallèle avions-nous soudainement disparu en Suisse romande pour que le lendemain, ce mardi, donc, cette information ne figure nulle part à la une de nos quotidiens – si l’on excepte une mention en petit chez 24 heures.

C'est en écoutant la radio...

C’est en écoutant la radio que je me suis dit que quelque chose n’allait pas. Valérie Droux ouvrait la revue de presse matinale avec ce sujet, mais n’en égrenait que des unes et éditoriaux puisés chez nos confrères alémaniques. Nos quotidiens romands étaient passés à côté. Aucun titre barrant la première page, aucun éditorial «maison». Dans les articles ou dépêches, il était parfois question de «l’agression d’un juif», comme si l’on évoquait un fait lointain.

Il y a pourtant un mot pour décrire un tel crime – en l’espèce une tentative d’assassinat: un acte antisémite et même, allons-y, un attentat antisémite. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’on puisse ainsi qualifier ce qui s'est passé à Zurich. Les médias alémaniques ne s’y sont pas trompés. Ils ont dit les mots. Les mots qui s'imposaient.

Alors, pourquoi rien, ou si peu, pour un juif?

Pourquoi ne l’avons-nous pas fait en Suisse romande? Je me demande ce que nos compatriotes juifs, genevois par exemple, ont ressenti en découvrant qu’aucun quotidien de leur canton n’avait placé cette nouvelle en première page. Aurions-nous, médias romands, renoncés à traiter en grand un crime raciste au lendemain de sa revendication par un groupe néonazi? Je ne le crois pas. Alors, pourquoi rien, ou si peu, pour un juif? Parce qu'Israël commet de probables crimes de guerre à Gaza? Parce que l'antisémitisme touche des «privilégiés»?

Les Chambres fédérales doivent s'emparer cette semaine de cette question (un hasard du calendrier, précisons-le pour les complotistes). Elles seraient bien avisées, un, de ne pas s'écharper sur le sujet, deux, de traiter le sujet: l'antisémitisme. En effet, ajoute-t-on la lutte contre l'antisémitisme à celle contre l'homophobie quand un crime homophobe est commis? Non. Convoque-t-on le combat contre la haine des juifs en cas d'agressions racistes visant des Noirs, des Arabes, des musulmans? Non plus.

La Parlement devra s'armer de courage

Il faudra faire preuve d'un peu de courage dans l'exposé de la situation. Car parmi les antisémites, on trouve des jeunes gens pour lesquels sont élaborées des campagnes antiracistes. Il s'agira de bien identifier les problèmes, de ne pas chercher à les confondre. Mais il faudra, aussi, que l'UDC résiste à la récupération politique. Même si, pour reprendre le mot si juste d'Alain Finkielkraut, qui vaut en France pour le Rassemblement national, la gauche, depuis un certain temps, lui «fait le cadeau du réel». La lutte contre l'antisémitisme ne doit pas déboucher sur du racisme. La fraternité n'a pas de prix.

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