Suisse
Covid-19

Les Romands dénoncent à Berne des mesures anti-Covid disproportionnées

Zwei Frauen diskutieren mit einer Polizistin bei einer Demonstration gegen die verordneten Corona Schutzmassnahmen, am Samstag, 20. Maerz 2021, in Bern. (KEYSTONE/Peter Schneider)
Malgré l'interdiction, des dizaines de personnes sont venues à Berne pour réclamer un retour à la normale avec l'abolition de mesures jugées liberticides.Image: KEYSTONE

Liberté! Liberté! Liberté! Le message de Romands à Berne

Ils sont venus à Berne de toute la Suisse romande, en petite grappe, pour défendre leur liberté contre des mesures anti-Covid qu'ils jugent disproportionnées. Rencontres.
21.03.2021, 18:0822.03.2021, 11:24
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La manifestation n'était pas autorisée. Pourtant, ils sont venus par dizaines à Berne ce samedi pour dire stop. Stop à «cette folie». Stop à «cette dictature sanitaire». Stop «à la peur».

L'appel à manifester a été lancé au niveau international #wewillALLbethere. Des dizaines de milliers de personnes ont défilé partout dans le monde pour réclamer la levée de mesures anti-Covid jugées liberticides. A Bâle, ils étaient environ 8000.

Impossible d'accéder à la place fédérale. Tous les accès ont été fermés et sécurisés par des policiers.
Impossible d'accéder à la place fédérale. Tous les accès ont été fermés et sécurisés par des policiers.watson

A Berne, l'ambiance était plutôt bon enfant. Malgré la présence massive de Robocop autour du Palais fédéral rendu inaccessible car barricadé, puis vers la gare où la manifestation non-autorisée s'est finalement déroulée.

Covid - manifestation Berne - mars 2021
Les policiers étaient très nombreux et lourdement équipés pour encercler des manifestants pacifiques.watson

Parmi les 200 personnes massées en face de la gare, beaucoup de Romands. D'ailleurs c'est bien «Liberté - Liberté -Liberté» qui résonne sur la place, cernée par les policiers lourdement équipés et venus par camions entiers.

Les gens que nous avons rencontrés viennent de Vevey, Montreux, Aubonne, Lausanne, Neuchâtel, Fribourg, du Jura, du Valais, de la partie francophone de Berne. Ils ont fait le déplacement le plus souvent à deux ou en petits groupes d'amis. Il y a beaucoup de femmes. Quelques enfants aussi, impressionnés par cette muraille de policiers suréquipés.

Ils ont entre 25 et 65 ans. Ils travaillent dans la santé, ils s'occupent d'enfants ou de personnes âgées dans des homes, ils sont employés dans des commerces ou dans des entreprises actives dans le tertiaire. Certains ont eu le Covid. D'autres non. Aucun d'entre eux ne se fera vacciner.

Disproportion des mesures

Quelques-uns parlent d'un nouvel ordre mondial que les puissants mettent en place. Mais ils sont peu. Tous dénoncent la disproportion entre le remède et le mal. C'est pour cela qu'ils ont fait le déplacement à Berne. Pour la plupart d'entre eux, il s'agit de leur première manif.

Ces femmes et ces hommes ne sont pas politisés. Leurs propos sont clairs, structurés. Bien sûr qu'il y a de la colère. De l'exaspération même contre les autorités et les «merdia», accusés de répandre la peur et de mal interpréter les chiffres liés au Covid-19.

manifestation anti mesures Covid 19, 20 mars 2021
Parmi les quelques pancartes, celle de Sarah. watson

Que dénoncent-ils, au fond?

*Tous les prénoms ci-dessous sont des prénoms d'emprunt

  • Nathalie et Sophie viennent de Fribourg, 25 ans à peine. C'est leur première manifestation. Elles se devaient d'être là. Ensemble, elles dénoncent une «dictature sanitaire». Elles ne comprennent plus ces mesures liberticides. «On interdit aux gens de faire leur travail». Et bientôt, la ségrégation: les vaccinés d'un côté avec leur passeport et de l'autre, celles et ceux qui refuseront les injections. Leur message aux autorités: «Il faut vous arrêtiez. On veut être libres.»
  • Marie, Michel et Josiane sont de Neuchâtel. Ils ont entre 30 et 40 ans. Ils ne sont pas manifestants dans l'âme. Mais leur conscience les pousse à se montrer solidaires. Eux n'ont pas été affectés directement, mais ils voient une grande misère sociale et économique se développer. «Les transports publics et les magasins débordent, et malgré tout on ferme les restaurants, les salles de spectacles.» C'est une exagération totale. C'est du délire. C'est disproportionné. «On était chez le dentiste et les toilettes étaient fermées pour les clients». C'est aberrant. «On avance vers un futur très sombre.»
  • Sarah vient de Vevey, la trentaine. Sur sa pancarte, elle interroge notre société. Comment naître - étudier - travailler - mourir en portant un masque, en imposant la distance sociale, en imposant les études ou le travail à distance? «Nous sommes en train de détruire les liens sociaux.» Un nouveau né ne peut pas se développer entouré de visages masqués. Et comment accompagner les personnes en fin de vie si on les isole? Son message au gouvernement: stop les masques, stop le travail à distance, favoriser l'immunité collective. Et laisser le choix aux personnes âgées.
  • Line et Martine, quinquagénaires viennent de la région de Lausanne. Elles n'en peuvent plus de cette crise dont on ne voit pas le bout. On veut protéger les personnes âgées, on les isole, elles sont enfermées dans leur chambre en EMS. On fait tout à l'envers. « Est-ce que les mesures ne sont pas pires que le mal.» Faut laisser les gens vivre. Prendre soin des personnes à risques. Mais laisser les gens travailler et se réunir.
  • Isabelle 63 ans et Caroline, la trentaine, toutes les deux francophones de Berne. Chacune vit sa première manif. «J'en ai marre qu'on me prenne pour plus conne que je suis. On m'impose une manière de fonctionner. Moi que je meure de ceci ou de cela, je m'en fiche.» Tout tourne autour du covid, on ne meurt plus que du Covid. Et tous ces jeunes qui dépriment et qu'on prive d'un avenir, ça ne compte pas? Leur message à Berne: vous ferez quoi à la cinquième vague, vous allez continuer à subventionner la société entière?
berncovid, manifestation 20 mars 2021
Line et Martine ont ressorti la pancarte de l'année dernière.watson
  • Josette la petite trentaine vient d'Aubonne. Pierre 27 ans max de Fribourg. S'ils sont venus à Berne, c'est pour dénoncer les mesures qu'ils jugent totalement liberticides. Eux, au Covid, ils n'y croient pas. Ce n'est qu'une simple grippe.
  • Olivier et Jeanne, la quarantaine, sont de Vevey. Ils sont inquiets. Ils craignent de ne plus revoir leur liberté. C'est pour cela qu'ils ont fait le déplacement à Berne. «Pour manifester notre mécontentement. Tout cela va beaucoup trop loin.» Leur solution? Isoler les personnes fragiles pour les protéger. Et surtout soutenir et renforcer le personnel soignant, leur donner les moyens de faire face. Investir à la base plutôt que de se préoccuper des effets en soutenant les entreprises qu'on empêche de travailler.
  • Jenny épidémiologiste à la retraite vient de Montreux. «Je suis écoeurée par les mesures qui sont prises ici et au niveau international». C'est tout à fait disproportionné par rapport à la gravité de cette pandémie. «Et c'est une épidémiologiste qui vous le dit. »
berncovid
De tous les milieux, de tous les âges, de tous les cantons, les Romands sont venus à Berne pour défendre leur liberté.watson

Et puis, il y a eu Robert, Nancy, Carla et Nicole. Impossible de savoir d'où ils viennent. Les « merdia», c'est pas leur truc. On ne comprend rien. On ment. On est nul. Tellement nul que Monsieur a d'ailleurs stoppé l'abonnement de son journal. «C'est ignoble ce qu'on fait à nos vieux». On les oblige à se faire vacciner. Nancy travaille dans un EMS. Elle raconte la grève de la faim d'un pensionnaire qui refuse la piqûre avant de voir sa famille. Ou cette autre personne vaccinée contre son gré grâce (à cause de) à l'autorisation de son répondant médical. Et la maman de Carla qu'elle a retirée du home car «ce n'était plus possible. Elle n'avait même pas le droit d'aller prendre l'air».

«Bon, vous voyez, on vous a quand même causé.» Robert me claque une bise, sans me demander mon avis. Et s'en va rejoindre un autre groupe qui chante "liberté - liberté - liberté" devant le regard impassible de dizaines de policiers déployés en cercle pour contenir les manifestants.

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A Bruxelles, les étudiants demandent, entre autres, la reprise des activités parascolaires, la reprise du sport et un soutien psychologique gratuit.
source: epa / stephanie lecocq
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