Le Conseil fédéral fait face à une forte pression. Mercredi, le Conseil national a adopté une déclaration appelant à un assouplissement accéléré des mesures anti-Covid.
Les restaurants, les domaines de la culture, du divertissement, des loisirs et du sport devraient rouvrir dès le 22 mars. Malgré la situation épidémiologie actuelle au niveau d’alerte orange, cette décision devrait être appliquée grâce aux concepts de protection et aux restrictions du nombre de visiteurs.
Des appels ont également été lancés en faveur d'une stratégie d'ouverture et des plans de protection pour les grands événements culturels et sportifs ou, par exemple, de l'abolition de la règle des cinq personnes dans les espaces intérieurs.
Le «oui» à la déclaration a été étonnamment rapide. C'est surprenant, car il s'agit d'un moyen parlementaire très rare, qui n'est utilisé que pour «des événements ou des problèmes importants de politique étrangère ou intérieure».
La discussion ressemblait à une campagne de lobbying, organisée sous la forme d'un bref débat parlementaire. Seuls Céline Amaudruz (UDC) et Martin Landolt (Le Centre), porte-parole de la Commission, tous deux favorables au «oui», ont pu s'exprimer. Dans le camp opposé, c’est la conseillère nationale du PS, Prisca Birrer-Heimo, qui s’est prononcée contre la déclaration. Entre les débats, quelques questions critiques ont été posées.
Ce n'est pas une coïncidence, comme le montre un coup d'œil à la liste des intérêts des politiciens et des politiciennes qui ont fait campagne pour la déclaration. Au cours des fermetures, les grands acteurs de l’immobilier ont attiré l’attention en raison du litige sur les loyers commerciaux: ils exigeaient des loyers payés des restaurants et magasins, alors que les tenants ne pouvaient plus utiliser leurs locaux.
L’association des propriétaires a même élaboré des lettres-type, avec lesquelles les propriétaires pouvaient rejeter les demandes de réduction de loyer de manière simple et générale.
Les intérêts de l’association des propriétaires étaient représentés par la présidente du PLR Petra Gössi ou le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi. Les membres de la Commission Thomas Burgherr (UDC), Fabio Regazzi (PDC) et Thomas Matter (UDC) ont également agi en tant que représentants du secteur immobilier. Les trois siègent respectivement dans des conseils d’administrations, des comités ou des présidences d’entreprises, et perçoivent des recettes grâce aux surfaces commerciales.
Le secteur gastronomique bénéficierait également d'une éventuelle ouverture rapide. Avant la pandémie, il avait même un accès direct au Parlement parce qu'il avait reçu un «badge de lobbyiste» d'un membre du Conseil national ou du Conseil des États. Le nom de Hanspeter Hohl est évident: il est membre du conseil d'administration de la société qui exploite les remontées mécaniques d'été et d'hiver de Hoch Ybrig. Il a reçu son badge des mains du conseiller national UDC Marcel Dettling.
Aux côtés de l’UDC Thomas Matter figure également Fabian Frauenfelder, un autre représentant de la gastronomie: il est le directeur général de Gastro ZH GmbH, société qui gère plusieurs discothèques, salles de concert et bistrots dans l’ensemble de la Suisse.
Quant à la conseillère nationale UDC Esther Friedli, qui dirige son propre établissement, elle a pu porter la voix de tous les tenanciers de restaurants en Suisse. Friedli siège également au conseil d'administration des Bergbahnen Wildhaus SG, où les terrasses des restaurants situés à proximité des pistes de ski ont dû fermer alors qu'elles étaient ouvertes illégalement dans le canton voisin des Grisons.
A gauche, l’intérêt de liens avec des industries qui pourraient bénéficier d'ouvertures rapides a été esquissé. Cependant, il n'y a eu que deux votes des groupes du PS, des Verts et des Verts libéraux en faveur de ces demandes d'ouverture. Ils sont issus du parti Vert libéral, représenté par Isabelle Chevalley et François Pointet (tous deux vaudois). Cependant, selon les registres officiels, ils n'ont aucun lien d'intérêt avec l'immobilier, la gastronomie ou le tourisme.
Quelques heures après la décision du Conseil national, le Gouvernement n'avait toujours pas donné son avis. Et ce n’est pas parce qu'il attendait une «lettre formelle» avec le contenu de la déclaration, car curieusement, cette «lettre formelle» n'existera jamais. Comme l'a dit avec éloquence un membre proche du Conseil fédéral : «la déclaration est expliquée avec la déclaration».
Cela illustre le caractère symbolique d'une telle déclaration. Elle ne fait que montrer ce que le Conseil National proclame, en tant que chambre parlementaire. Le Conseil fédéral peut l'ignorer, en prendre simplement note ou en tenir réellement compte. La décision du Conseil fédéral sera communiquée au plus tôt après la prochaine réunion des Conseillers fédéraux.
Les premières décisions sont attendues ce jeudi. Le Conseil des Etats discutera ensuite de la loi Covid-19, pour laquelle le groupe parlementaire UDC a déposé une motion visant à affaiblir les pouvoirs du Conseil fédéral. Il est exigé que, si les commissions parlementaires le souhaitent, le Conseil fédéral ne pourra plus décider de confiner, de fermetures générales, de frontières et de secteurs d'activité sans l’accord du Parlement.