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Diminuer le prix des produits hygiéniques, la Suisse se hâte lentement

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Diminuer le prix des produits hygiéniques, la Suisse se hâte lentement

Taxe rose, contraception, règles: être une femme, c'est cher
Plus de 100 francs, c'est ce que les femmes dépensent par mois simplement parce qu'elles sont des femmes.Image: Shutterstock/watson
Tampons, serviettes hygiéniques, contraception. Cela coûte cher d'être une femme en Suisse. Des initiatives sont prises ici et là pour faire baisser le coût de ces produits essentiels pour les femmes. On vous explique.
14.03.2021, 18:2108.04.2021, 17:51
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Le Canton de Vaud vient de l'annoncer. Il va tester la mise à disposition gratuite de protections hygiéniques dans cinq écoles. Cette initiative fait écho à des décisions prises par des pays entiers, comme l'Ecosse, qui ont décidé de rendre la vie des femmes plus simple. Et moins coûteuse.

Les règles coûtent plus de 4’400 francs dans une vie, la pilule 300 francs par an. Sans parler de tout le reste. On estime à plus d’une centaine de francs par mois les dépenses faites par une femme uniquement parce qu’elle en est une (un chiffre calculé par la RTS).

En Suisse, même si la progression est lente, on voit apparaître des initiatives qui vont dans le même sens: faire baisser le coût des produits essentiels pour les femmes.

1. Les protections hygiéniques

L'enjeu

Coûteuses, les protections hygiéniques doivent-elles être gratuites? L’Écosse, pionnière, a pris cette décision en 2018. On met (ou on mettra) aussi à disposition des serviettes et tampons dans les écoles en Angleterre, en Colombie, en Nouvelle-Zélande et dans les universités françaises, entre autres.

En Suisse, les cantons et les communes en discutent tour à tour, en abordant principalement une gratuité pour les établissements scolaires et/ou les lieux publics. Résultats (non exhaustifs)? Pour les cantons de Berne et du Valais, c'est «non». Le Jura a, lui, fait office de pionnier, en devenant le 31 mars le premier canton à offrir des serviettes hygiéniques gratuites dans tous ses établissements scolaires. A Genève, Le Grand-Saconnex et Meyrin vont en donner dans leurs bâtiements communaux.

La question va être étudiée pour le canton de Fribourg. Vaud va tester l'idée avec des projets pilotes dans cinq établisssements scolaires.

En revanche, une décision favorable pour le pays entier semble mal partie. Au Conseil national, Léonore Porchet (Verts) a proposé la mise à disposition gratuite des protections menstruelles pour toutes les personnes qui en auraient besoin. Le Conseil fédéral propose au Parlement de rejeter l'idée.

Les arguments pour la gratuité:

  • Les règles sont naturelles, les protections hygiéniques sont un besoin de base comme le papier toilette.
  • Il faut lutter contre la précarité menstruelle, qui existe aussi en Suisse. Cela veut dire que des personnes arrivent difficilement à se payer des tampons et des serviettes. Il s'agit surtout d'étudiantes, de personnes en situation précaire et de sans-abris.
  • Il faut lever le tabou des règles en rendant les protections visibles et accessibles dans l'espace public.
  • Ne pas avoir accès au bon moment et en quantité suffisante à des protections peut porter atteinte à la dignité et créer des inégalités (économiques, sociales et sanitaires).

Les arguments contre:

  • D’autres produits d’hygiène sont indispensables à différents groupes de population. Rendre gratuits certains d’entre eux créerait de nouvelles injustices.
  • Il y aurait des inégalités de traitement si des mesures différentes sont prises d'une commune à l’autre.
  • Il n’y a pas de problème d’accès économique aux tampons et serviettes.
  • Il vaut mieux passer par la responsabilisation des femmes, la sensibilisation et l'éducation.

2. La contraception

L'enjeu

Il faut compter 300 francs suisses par an pour se payer la pilule, alors que se faire poser un stérilet coûte 400 francs (chiffres de la RTS).

L’accès à la contraception pour tous (les femmes, les jeunes, les personnes en situation précaire) a déjà été discuté au Parlement.

En 2013, Antonio Hodgers (Verts) proposait une mise à disposition gratuite et anonyme pour les jeunes femmes de moins de vingt ans. Rejet au Conseil national.

Ce mercredi 10 mars au Parlement, un texte de Mathias Reynard (PS) souhaitait rembourser intégralement les moyens de contraception aux jeunes de moins de 25 ans. Refusé aussi.

Léonore Porchet (Verts) souhaite aussi garantir un accès pour tous, même en cas de crise comme une pandémie. Le conseil fédéral proposera au Parlement de rejeter son postulat.

Les arguments pour un accès facilité

  • Certaines personnes ne peuvent pas se payer de contraception. C’est une charge importante pour les jeunes notamment.
  • La Suisse est à la traîne par rapport à ses voisins.
  • Il y a dans le pays une baisse des ventes des moyens de contraception. La pilule recule de 20%, les autres de 5%. Le frein financier explique en partie cela.
  • Il faut éviter les grossesses non-désirées et une augmentation des avortements, tout comme les infections sexuellement transmissibles. Ce sont des questions de santé publique.

Les arguments contre:

  • Ce n’est pas à l’assurance-maladie de rembourser les contraceptifs. Les personnes sont responsables d’éviter des grossesses non-désirées et de payer.
  • Le taux d’interruptions volontaires de grossesse est faible en Suisse.
  • Les cantons et les communes sont chargés de soutenir les personnes en situation de précarité, pas la Confédération.

3. Les taxes

Aujourd'hui en Suisse, les tampons et les serviettes sont taxés au maximum par la TVA, à 7,7%. Ils ne sont pas considérés comme des «biens essentiels» comme la nourriture, les médicaments, mais aussi les livres, les journaux, la litière pour animaux qui eux jouissent d'un taux réduit à 2,5%.

Bonne nouvelle: c'est parti pour changer. A Berne, Jacques-André Maire (PS) avait proposé en 2018 de baisser la TVA à 2,5% sur les protections menstruelles. Sa proposition a été adoptée tacitement en 2019 au Conseil national.

Verdict fin septembre

S'il manque encore le «oui» au Conseil des Etats, on nous glisse que le Conseil fédéral, motivé, est déjà sur le coup pour appliquer la baisse. Il va la proposer dans le cadre de la révision partielle de la loi sur la TVA. Le verdict sur le prix des tampons devrait tomber fin septembre.

Cette baisse serait un pas marquant de la Suisse pour réduire le coût de la vie des femmes.

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