Les événements se sont précipités au petit matin jeudi: le président russe Vladimir Poutine a officiellement ordonné une intervention en Ukraine de l'armée russe. Elle vise – pour l'heure – les régions de Lougansk et de Donetsk: «J'ai décidé de mener une opération militaire spéciale» a annoncé le maître du Kremlin. Cela équivaut peu ou prou à une déclaration de guerre. Alors, comment Poutine a-t-il justifié ce matin son action et où en est-on? Etat des lieux.
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Le président russe a officiellement donné son feu vert à une intervention militaire de la Russie à l'étranger dans les régions de Lougansk et de Donetsk dans une allocution télévisée. 👇
Tout s'est joué sur le front diplomatico-politique ces derniers jours. Avant l'attaque, la Russie avait préparé le terrain en reconnaissant les régions séparatistes dans l'est ukrainien comme des Etats indépendants.
Juste après avoir reconnu ces «républiques populaires» par le Conseil de la Fédération à Moscou, le chef du Kremlin avait pris la précaution de se faire délivrer une autorisation pour l'intervention des forces armées russes à l'étranger.
Ses pions en place, Poutine a pu passer à l'étape suivante celle de la justification de l'intervention.
D'après le maître du Kremlin, l'opération militaire est menée par la nécessité de venir en aide aux habitants des régions séparatistes, «exposés depuis huit ans aux mauvais traitements et au génocide». Il répondait ainsi à une demande écrite d'assistance des chefs des deux «républiques populaires» afin de repousser les attaques de l'armée ukrainienne.
L'agence d'Etat russe Tass a publié lesdites lettres des chefs des «républiques populaires» qui demandaient l'aide de la Russie afin «d'éviter des victimes parmi la population pacifique et une catastrophe humanitaire dans la région». Selon ces courriers, il y aurait désormais une agression militaire de la part des forces armées ukrainiennes, des infrastructures seraient détruites, notamment des écoles et des jardins d'enfants, peut-on lire dans ces messages. «Les actions du régime de Kiev témoignent de son refus de mettre fin à la guerre dans le Donbass», peut-on lire dans la lettre.
Avec cette intervention, Poutine vise «la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine», a-t-il expliqué. Selon des sources occidentales, la Russie a rassemblé environ 150 000 soldats à la frontière avec l'Ukraine.
Un tweet de Luzia Tschirky, correspondante de la SRF pour l'Europe de l'est, témoigne notamment du fait que les combats ne se déroulent pas uniquement dans les zones occupées par les séparatistes. Elle a écrit à 4h11 (heure locale) que des explosions avaient eu lieu à Kiev. 👇
Es sind Explosionen in Kyjiw zu hören.
— Luzia Tschirky (@LuziaTschirky) February 24, 2022
L'Ukraine, de son côté, continue de rejeter l'idée de mener une guerre contre le Donbass. Elle considère la Russie comme un agresseur et a décrété l'état d'urgence dans tout le pays.
Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba, la Russie a commencé une grande invasion de l'Ukraine. Le chef du Kremlin, Vladimir «Poutine, viens de lancer une grande invasion de l'Ukraine. Des villes ukrainiennes pacifiques sont attaquées. C'est une guerre d'agression», a annoncé le ministre sur Twitter, jeudi. 👇
Putin has just launched a full-scale invasion of Ukraine. Peaceful Ukrainian cities are under strikes. This is a war of aggression. Ukraine will defend itself and will win. The world can and must stop Putin. The time to act is now.
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) February 24, 2022
Avant cela, le président ukrainien Zelensky a déclaré l'état de guerre tôt jeudi matin. L'Ukraine demande désormais le soutien de l'Occident. Et appelle à une action immédiate. 👇
The world must act immediately. Future of Europe & the world is at stake. To do list:
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) February 24, 2022
1. Devastating sanctions on Russia NOW, including SWIFT
2. Fully isolate Russia by all means, in all formats
3. Weapons, equipment for Ukraine
4. Financial assistance
5. Humanitarian assistance
«Le monde doit agir immédiatement. L'avenir de l'Europe et du monde est en jeu», a dit le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba qui demande les choses suivantes dans son tweet:
Pour l'heure, l'Occident accuse Vladimir Poutine de violer le droit international. Tous ont condamné les actions russes. Le président américain Joe Biden, les alliés occidentaux et l'Otan ont fermement condamné l'action de Poutine et annoncé de nouvelles sanctions. Selon Biden, la Russie a «délibérément» lancé une «guerre» contre l'Ukraine.
Du côté américain, la réaction a été rapide. Selon le président Biden la Russie est seule responsable des morts et des souffrances humaines. Les Etats-Unis et leurs alliés vont résolument «demander des comptes» à la Russie pour cela.
Biden a également déclaré qu'il continuerait à observer la situation à la Maison-Blanche au cours de la nuit et qu'il serait informé par son équipe de sécurité. Dans la matinée (heure locale), il devait, comme prévu, s'entretenir avec ses homologues du groupe des sept principales puissances économiques sur la marche à suivre. Il s'adresserait ensuite au peuple américain pour connaître les nouvelles mesures prises par les Etats-Unis et les alliés contre la Russie. (jah/yam/ats)