La directrice de l'Office fédéral de la police (Fedpol), Nicoletta della Valle, a annoncé la création d'un observatoire du crime organisé, basé à Lugano. La boss de la police fédérale juge fondamental qu'un maximum de services cantonaux et nationaux puisse échanger des informations pour lutter contre le crime organisé.
Le nouveau centre abritera des archives sur les cas importants de criminalité impliquant la mafia en Suisse. «Sensibiliser, c'est informer», a déclaré Nicoletta della Valle. Car la mafia menace les valeurs de notre société. La N'drangheta calabraise est en particulier très présente en Suisse, a-t-elle ajouté.
Elle avait déjà joué un rôle important dans les années 1980 et 1990 dans le trafic de drogue en Suisse. A l'époque, on a cependant nié cette réalité. Les enquêtes se sont trop focalisées sur les cas individuels sans tirer les liens qu'il y avait entre eux, a expliqué la directrice de fedpol. Aujourd'hui, les cantons ont renforcé leur collaboration.
La prévention dite «douce», à savoir parler de la mafia, est aussi importante. Les maxi-procès en Italie l'ont montré. C'est une manière de montrer au crime organisé que l'on n'a pas peur d'eux, selon la directrice de la Fedpol.
Les médias suisses sont, toutefois, rarement autorisés à publier des détails sur des affaires impliquant la mafia. L'observatoire de l'Université de Lugnao jouera ainsi un rôle important dans le travail de sensibilisation.
Sergio Mastroianni, procureur de la Confédération, a brossé un sombre tableau pour la Suisse. Si l'on devait mettre un point rouge sur une carte pour signaler la présence des organisations mafieuses, la Suisse serait presque toute rouge.
Elle est surtout implantée en Suisse alémanique, un terreau jugé fertile, a-t-il ajouté. On dit d'ailleurs que la deuxième langue de la N'drangheta est l'allemand. Il faut combattre ensemble ce sentiment d'omnipotence, a-t-il lancé.
Le conseiller d'Etat Norman Gobi, en charge du département de justice et police, a souligné le rôle du Tessin dans la lutte anti-mafia. Sa proximité avec l'Italie, la langue commune et la frontière partagée en font un partenaire important dans les enquêtes de police. Mais tous les cantons doivent mener ce combat, a-t-il conclu. (ats)